L'express au Liban en temps de guerre...

Selon "l'Orient le jour"
http://www.lorient-lejour.com.lb/

Malgré la baisse de l’activité et la hausse des coûts, le secteur résiste
Les compagnies de transport express de colis continuent de relier le Liban au reste du monde
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Malgré le blocus total imposé par l’armée israélienne, les compagnies de transport rapide de colis et de courrier continuent d’assurer la liaison entre le Liban et le reste du monde. L’aéroport de Beyrouth fermé, le transport se fait désormais par voie terrestre jusqu’à Damas ou Amman, avant d’emprunter les airs pour s’envoler vers les grandes villes du monde arabe, d’Europe ou d’Amérique du Nord principalement.
Le propriétaire de la branche libanaise d’une grande entreprise de transport express, qui a préféré gardé l’anonymat, explique à L’Orient-Le Jour le nouveau mode d’organisation adopté. « De grands camions commencent par charger les colis à partir de l’un des centres de tri de la compagnie à Beyrouth. Arrivés à un certain endroit, ils sont déchargés et redistribués dans plusieurs camionnettes. Les colis voyagent ensuite à ciel ouvert. Par mesure de sécurité, un certain laps de temps doit s’écouler entre le départ de deux véhicules. »
La quantité de marchandise transportée quotidiennement par cette compagnie s’élève actuellement à 7 tonnes du Liban vers l’étranger et 3 tonnes dans l’autre sens. Ce volume d’activité est moitié moins important qu’en temps de paix.
Les autres compagnies de transport express de colis basées au Liban ont également dû se réorganiser pour garantir le maintien de leur activité. « Nous avons dû déployer un grand effort en matière de réorganisation », affirme ainsi Roger Saadé, directeur de UPS-UCS au Liban. « Nos voitures empruntent des itinéraires diversifiés pour assurer le transport des colis qui nous sont confiés vers la Syrie ou la Jordanie, d’où ils partiront vers le reste du monde à bord d’avions UPS », ajoute-t-il. UPS assure actuellement le transport de 300 à 350 kg de marchandises par jour du Liban vers l’extérieur et 200 à 250 kg dans l’autre sens.
Comme les autres compagnies du secteur, Aramex a également vu son activité reculer. Le volume de marchandises quittant quotidiennement le Liban a ainsi reculé de 70 %, celui des marchandises rentrant sur le territoire national a diminué de moitié.

Coopération des douanes
Les trois compagnies contactées sont unanimes à ce sujet : les douanes libanaises assurent d’importantes facilités aux frontières pour l’entrée des marchandises. Des délais sont accordés pour le paiement des droits de douane et les pick-up ou voitures transportant les colis ne sont pas systématiquement fouillés. Cela est confirmé par un responsable des douanes libanaises. « À situation exceptionnelle, mesures et dispositions exceptionnelles, a-t-il expliqué. Il y a une concertation étroite entre le ministère des Finances et les autres ministères pour faciliter l’entrée de toutes les marchandises, quel que soit le ministère dont elles relèvent. »
« En revanche, de l’autre côté de la frontière, les douaniers ne sont pas toujours coopératifs », affirme Roger Saadé.

Hausse des prix
Le risque pris lors du transport routier ainsi que le fractionnement des volumes transportés influent évidemment sur les coûts supportés par les transporteurs de colis express. « Les coûts de transport ont doublé », indique ainsi le propriétaire de la branche libanaise de l’une des compagnies de transport express précité. « Nous avons augmenté nos prix de 30 %, mais cette hausse ne reflète qu’une partie des coûts supplémentaires engendrés par la guerre. L’autre partie est supportée par la compagnie elle-même », affirme de son côté le directeur de UPS. Chez Aramex, on évalue la hausse des prix à 70 % environ en moyenne.
Les délais de livraison sont également affectés par la fermeture de l’aéroport. « Il faut compter deux jours de plus », estime Hassan Makki, patron d’une entreprise de commerce électronique. « Alors qu’avant la guerre, il fallait quatre jours pour transporter un colis de Beyrouth vers l’Europe ou les États-Unis, il faut aujourd’hui compter six jours », précise-t-il.
Face au blocus, les compagnies de transport express de colis s’adaptent donc aux circonstances, fidèles à la réputation des Libanais. « Continuer à assurer la liaison entre le Liban et le reste du monde est notre priorité », insiste Roger Saadé. « C’est notre manière à nous de résister et de montrer aux Libanais et au monde entier qu’on ne se soumet pas », conclut-il.

Line RIFAÏ

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