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Lettre à mes enfants (et petits enfants) Où quand le sentiment d’être râleur, et gauchiste s’efface devant l’évidence.

Patrice Salini 5 avril 2020 Lettre à mes enfants (et petits enfants) Où quand le sentiment d’être râleur, et gauchiste s’efface devant l’évidence.  Vous vous rappelez sans doute, et pour les plus jeunes, vous apprendrez sans doute que pendant les périodes de guerre, l’économie est largement dirigée, administrée, tant bien que mal par les Etats.  Un mélange, en fait, d’administration militaire centrée sur l’effort de guerre, et d’administration civile au service de cet effort, et chargée d’assurer à la population la satisfaction de ses besoins vitaux.  Après la guerre, dans de nombreux pays, cet apprentissage à grande échelle des méthodes de planification économique, donne alors lieu à la constitution d’outils de planification économique, internalisés ou non par l’Etat. Ainsi a-t-on créé en France le Plan sous l’égide de Jean Monnet nommé par Charles de Gaulle , ou la Rand aux USA. Mais passons. Il y avait derrière ce foisonnement d’idées, d’autant plus facilement accep

On a perdu notre boîte à outils collective

La crise du Covid19 peut effectivement nous amener à revoir largement nos politiques hospitalières et sanitaires. La critique sera forte, lourde, sans doute partagée entre fatalisme et sévérité.  Mais ce qui me semble encore plus important concerne l’organisation des pouvoirs publics.  Il est temps de redécouvrir la pertinence de pratiques aujourd’hui disparues ou celle de nouvelles approches.  La nécessité de la planification  s’est évanouie.  La disparition du Plan en France, après une phase de remise en cause sous la pression des libéraux, nous a fait perdre plusieurs dimensions majeures : La capacité d’organiser l’action publique autour d’objectifs prioritaires et dans le cadre d’une programmation (financière mais pas uniquement). Et dans le même temps on nous abreuve de « plans d’urgence » conçus à la hâte pour faire face à l’imprévoyance. La réflexion prospective autour de scénarios (donc la prise en compte des risques)  a elle aussi été délaissée. Au nom du doute et

Lettre de Mission à E. Borne (#Transports) : Ce que ça dit et ce que ça ne sait dire

La lettre envoyée par le Premier Ministre à la ministre des transports permet  de deviner quelques orientations de la future politique des transports et de grosses lacunes.  La question des grands projets d'infrastructure et de leur financement est-il posé d'emblée. Avec raison, tant l'irréalisme de leur financement et les doutes associés à leur évaluation finissaient par semer plus qu'un doute - enfin - dans l'appareil d'Etat.  De même l'inflexion en faveur la mobilité de tous les jours est-elle clairement visible.   On notera avec intérêt que, l'on passera encore une fois par une loi d'orientation, sans qu'on sache comment ce nouveau texte aura plus d'effet que les précédents.  Notons aussi l'annonce d'un " conseil d'orientation des infrastructures et des mobilités", dont le contour est inconnu mais qui doit, quelque part, témoigner de la pénurie créée par la disparition du  Conseil National des Transports il y

#infrastructures, #présidentielles : Qui a un plan ?

Les partisans des politiques de relance ou du soutien à la compétitivité des territoires nous parlent tous d’infrastructures, qu’il s’agisse de numérique, de routes, de rails, de ports/aéroports et de voies d’eau.   L’idée est que quand on dépense dans ces domaines, l’effet sur l’attractivité des territoires et la croissance est positif, sans compter les fameux effets induits liés à l’investissement consenti indépendamment de leur utilité propre. A vrai dire, les spécialistes des transports sont bien partagés face à ce regain d’intérêt par rapport à leur domaine de compétence. Jetée aux orties, la planification et les schémas directeurs ne renaissent ainsi qu’en rêve de leurs cendres. Car en la matière la réalité n’est généralement pas bien rationnelle. En pratique imaginez une sorte de conteneurs à projets (plus ou moins avancés, et promus par tel ou tel opérateur, constructeur ou lobby). Des piles de projets. Eh bien, fidèles au « garbage can model » (la poubelle) on y vien

Mon article : Déficit public : Plan, RCB et BBZ, deux abandons et un gros manque a été publié sur Le Cercle Les Echos.

Mon papier du 7 novembre est également en ligne sur le "cercle des Echos" : Le lien vers le site du Cercle

Plan, RCB et ZBB : deux abandons et un gros manque

Ecotaxe, déficit public, politique fiscale, tout indique que l'on peine à définir les politiques publiques et à les mettre en oeuvre avec un consensus minimum.  D'où le sentiment qu'on a laissé en route de bons vieux outils... enfin toute la boîte à outils.  _________________ Par Patrice SALINI La France, comme tant d’autres, peine à réduire son déficit budgétaire. Et dans le même temps, la demande sociale exprime de plus en plus de « besoins » non satisfaits et peu ou mal couverts par le marché. Chacun sent bien par ailleurs les limites et le coût de notre organisation institutionnelle et administrative. On côtoie une bureaucratie pesante, un millefeuille institutionnel, et des trous, comme béants dans un service public insuffisant respiratoire. Que manque-t-il donc à ce pays pour résoudre ses problèmes ? Tracer une voie lisible entre notre quotidien et l’avenir ?  Certains ne manqueront pas de considérer que nous ne sommes pas les seuls à rencontrer ces dif