SNCM : Fumigènes, erreurs et tactiques ?
Quand un dossier est compliqué, que des stratégies divergentes sont à l'oeuvre, et que, les réalités économiques sont très très fortes.... on peut voir naitre des histoires bizarres, des rumeurs, des vraies ou fausses indiscrétions, dont personne ne sait vraiment si, au départ, il y a une véritable information, un ballon d'essai ou une volonté délibérée d'enfumer tout le monde.
Dans l'affaire de la SNCM il y a des faits, des doutes, et des décisions. Des faits : les comptes, les sommes dues au titre des décisions européennes ; la DSP et ses équilibres prévus, mais discutables. Des doutes : sur la stratégie des actionnaires ; des décisions, celle de la Collectivité Corse d'étudier et semble-t-il de créer une compagnie régionale.
Et il y a tout le reste. Avec une communication qui, en période électorale, a tendu à nier les évidences, les faits comme les doutes ou les décisions. Et tout semble s'emballer.
Il y a eu les fluctuations de la position de l'Etat, plus ou moins explicites. Il y a eu le bruit - en fait une boutade - sur EDF qui aurait été intéressé par la SNCM et ses futurs bateaux au gaz, Siem qui voulait, puis ne veut plus reprendre l'entreprise. Les commandes de navires, sur le point d'être financés, et qui peinent à pouvoir l'être, Baja ferries qui sort d'un chapeau, compagnie ferries Mexicaine baptisée de Bolivienne par "La Provence", pour avoir confondu La Paz (Mexique) avec la capitale de Bolivie. Et une dépêche de l'AFP qui "confirme" que Daniel Berrebi, présenté comme armateur à la tête d'Unishipping, aurait affirmé être intéressé par l'ensemble des activités de la SNCM.
Il aurait même indiqué "Je veux absolument sauver la SNCM", tout en rejetant "l'achat dans l'immédiat de nouveaux bateaux, prévu dans le plan de redressement ". Tout ça en conservant 1500 personnes sur 2500. En gros il réclame du temps... Un scénario qui, on l'a déjà dit, n'est pas forcément en cohérence ni avec la DSP, ni avec les perspectives financières qui y ont été annexées.
Des propos et une assurance qui peuvent étonner quand on sait que, selon l'AFP, Baja Ferries : "holding américaine avec siège social au Mexique, opère avec trois bateaux (fret et passagers) des liaisons maritimes au Mexique, ainsi qu'entre Porto Rico et Saint-Domingue, réalisant un chiffre d'affaires d'"environ 150 millions de dollars" (110 millions d'euros)."
La compagnie qui opère entre Porto Rico (Mayagüez) et Saint Domingue est l'American Cruise Ferries. Elle utilise pour cela un navire le "Caribbean Fantassy" (Voir aussi) - construit en 1989 - qui navigue sous le pavillon du Panama. Son patron, D. Berrebi, présenté comme un "armateur français" par la presse US avait, en 2011 le projet de créer une ligne entre Miami, La Havane, Saint Domingue et Porto Rico. Un projet qui n'aurait pu voir le jour en raison de l'opposition de l'administration US.
Actuellement, la compagnie UniShipping de D. Berrebi, dispose d'une licence pour le fret (OFAC license) lui permettant de transporter des marchandises entre les USA et Cuba.
Pour revenir à la SNCM et au projet de Baja ferries, la tonalité du papier du Marin était tout autre, soupçonnant le Groupe Baja d'être partie prenante d'une vente par appartements de la SNCM. Et certains acteurs du dossier laisseraient même entendre qu'en fait de reprise, Baja serait plus intéressé par le recyclage des vieux navires qu'autre chose.
"C'est une pure mascarade qui vise à protéger l'Etat et Transdev de ce qui se passe en coulisses: l'organisation du démantèlement", a réagi auprès de l'AFP l'élu des officiers CFE-CGC".
Et une autre sur ce, citée par l'AFP de dire : "M. Berrebi veut donner l'impression d'être un repreneur, masquant son projet de prédation dans le cadre d'une liquidation de la compagnie"
Drôle de climat autour de la SNCM ! Les coulisses sont-elles un peu... enfumées ou les acteurs incrédules ?