Comment évaluer les pertes de trafic dues à une grève ?

La question des pertes de trafic dues à une grève est plus complexe qu'on pourrait le penser.

J'ai pu me livrer à plusieurs analyses sur le sujet, dans le passé, à propos de grèves de la SNCF ou de grèves du transport routier de fret. 

Une grève se traduit par l'interruption - totale ou partielle - d'un service.  Statistiquement elle entraîne une baisse de l'activité exprimée en passagers, en tonnes, en passagers.km ou voyageurs.km, tonnes.km ou toute autre unité de mesure courante. 
Nous disposons donc d'un chiffre pour une période de temps donnée, correspondant à la période retenue pour la publication des données. Par exemple le mois. Une grève à cheval sur Juin et Juillet se traduira donc par une baisse éventuelle de l'activité sur ces deux mois. 
Idéalement on pourrait analyser cette activité au jour le jour mais seuls les producteurs de statistiques, en amont en disposent, et il est rare qu'ils publient ces données. A tout le moins espérons qu'ils utilisent ces données fines pour nous livrer une analyse. 

Selon notre expérience passée les grèves et de leur étude - ou d'autres évènements par exemple météorologiques impactant l'activité de transport (je pense par exemple aux périodes de barrières de dégel) - entraînent plusieurs types de phénomènes :

  • des pertes pures et simples de trafic
  • un report de trafic sur un autre moyen de transport (ou pour un passager sur une autre destination)
  • un report temporel de l'activité sur une autre période, 
  • une modification durable des comportements (abandon "définitif" du mode ou du prestataire, ou de la destination)

Bien entendu ces quatre formes cohabitent et ne peuvent être évaluées autrement que par calcul.. ou enquête (mais ce dernier cas n'existe jamais sur le vif, parfois a posteriori, mais très rarement). Par ailleurs un simple graphique permet parfois a postériori de comprendre les mécanismes en jeu. 


Mais à quoi comparer ces données ? 

Généralement les gens comparent à la période comparable de l'année précédente.  Cette méthode a un avantage, celui de prendre en compte les variations saisonnières, mais néglige des phénomènes comme la place ou le nombre de week-ends ou de jours fériés, et surtout les "tendances" d'évolution.  Ainsi, une perte de 10 % par rapport à une tendance stable, en croissance ou en décroissance n'a pas le même sens.
Pour résoudre cette question, il est possible de "modéliser" l'évolution de l'activité étudiée, de la projeter, puis d'analyser l'écart observé entre projection et observation (on utilise parfois des modèles dits ARIMA X12). 

Pour illustrer mon propos, prenons le cas des transports de passagers avec la Corse. Ceux-ci ont deux caractéristiques récentes : 

  1. Les transports estivaux sont globalement stables à +ou- 1% depuis 4 ans.
  2. En revanche la part de marché maritime régresse régulièrement.

Il faudra donc, le moment venu interpréter les chiffres à la double lumière de ces tendances. 


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