Fin de conflit ? Rien n'est joué !

Le conflit à la SNCM est donc "interrompu". Un terme qui rend compte, d'une attitude - celle des syndicats grévistes  -, et d'une réalité.
Seize jours de grève ne peuvent se terminer par magie par la tenue d'une réunion débouchant sur un moratoire quant à la mise en règlement judiciaire de la compagnie, par ailleurs considérée comme indispensable par l'Etat, Transdev et la collectivité territoriale de Corse. 
La CGT a d'ailleurs prévenu qu'en cas d'absence de solution pérenne d'ici décembre, il y aura à nouveau préavis et donc grève. 

Et puis il y a les conséquences de la grève. 

  1.  La grève a mis en lumière une opposition nette des intérêts marseillais et corses, au point de faire apparaître de larges consensus des deux côtés de la Méditerranée, mais sur des bases strictement opposées et donc conflictuelles. Une opposition qui devrait logiquement toucher tous les partis - sauf le PCF et le Parti de Gauche -, et renforcer en Corse, les alliances potentielles entre nationalistes et partis politiques traditionnels. Blogs et messages sur Twitter en attestent.    Cette opposition est venue se nourrir, des deux côtés, de la communication calamiteuse du gouvernement qui, faute de "dire les choses" en temps et en heure s'est largement déconsidéré. Elle a été renforcée par le sentiment, en Corse, d'un désintérêt continental pour la situation faite à l'économie insulaire alimenté ici encore par une communication maladroite, et une conception de l'ordre républicain inégale de part et d'autre de la mer. 
  2. La Collectivité Territoriale de Corse,  les élus et les forces vives de l'île n'auront pas la même posture avant et après la dernière grève. Par delà les efforts de la CTC, de la Méridionale et de la Corsica Ferries, le sentiment s'est fait jour qu’il faudra sortir de cette dépendance trop forte, tant à l’égard de Marseille que de la SNCM.  Et "l'évidence" de l'intérêt d'une compagnie régionale s'impose plus largement chaque jour, même si son contour ne fait pas pour l'heure l'unanimité. Et il n'est pas certain que ce nième conflit social ne provoque pas un raidissement de la CTC par rapport à la dette de la SNCM (220 millions €), la non exécution du service minimum, et que nombre d'élus relisent la DSP avec l'esprit plus critique. 
  3. La SNCM, après le conflit, est dans la même situation qu'avant - perte de recette et de clientèle en sus - à cela près que le moratoire et le «déblocage des 60 millions d’euros sous séquestre issus de la prime d’assurance du Napoléon Bonaparte et que l'actionnaire réservait à un plan social », constituent plus un problème qu'une solution. Un repreneur peut-il s'engager dans de telles conditions ?  N'y a-t-il pas antinomie entre  la «situation de discontinuité» permettant d’échapper à la dette (du moins en se fondant sur la jurisprudence « Sernam »), et  le maintien de la DSP  au profit de la SNCM (article 43 du contrat de délégation de service public).  N'y a t-il pas contradiction entre le protocole de fin de grève et la reprise de la SNCM par un tiers ?   
  4. Les problèmes posés - depuis 1997 par le rapport Pagès -le sont toujours, et n'ont toujours pas de réponse. En effet, le marché Tyrrhénien est une réalité, comme l'est le second registre italien, et il est illusoire de penser stratégie maritime méditerranéenne sans intégrer ces réalités. 
Les ingrédients sont donc largement réunis pour faire de cette fin de grève le début de la prochaine crise. 

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