Guillaume Guidoni : "Les dégâts de la grève SNCM..."

Un interview de Guillaume Guidoni sur les "dégâts de la grève de la SNCM" a été publié par Corse-Matin. 
Voir l'interview  

L'économiste indique naturellement qu'il faudra attendre  pour évaluer de manière plus précise l'impact réel de la la grève.  "Entre septembre et octobre, on en aura une idée plus précise." Mais il précise :  "Quoi qu'il en soit, cela dépassera les deux semaines de blocage, avec une diffusion du choc négatif et une amplification de ce dernier."

Sur le chiffrage il ajoute : "Quinze ou vingt millions d'euros, c'est le chiffre avancé dernièrement. Après, dire avec exactitude combien ce conflit va coûter à la Corse, c'est moins évident. Si l'on prend comme curseur référent le 1,8 milliard de chiffre d'affaires engrangé pour l'ensemble de l'année, le plus gros étant réalisé pendant la saison estivale, en juillet et août, et que l'on envisage a minima 1 % de chute de l'activité touristique, cela fait déjà 18 millions d'euros…"

A lire aussi  (surtout) les compléments de l'auteur sur son site

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Commentaire 


En fait, si on met de côté les effets multiplicateurs sur l'économie insulaire et la perte en termes d'images pour l'avenir, qui aurait pour conséquence de faire fuir des touristes potentiels - effet de courte durée - l'impact de la grève résulte de deux phénomènes distincts : 


1. La perte de clientèle : Celle ci ne sera effectivement mesurée que lorsque nous connaîtrons les statistiques de transport de juillet, c'est à dire courant Août.

A noter : les différentes parties prenantes des transports en Corse (Etat, CTC, CCI) si elles le voulaient, pourraient parfaitement mettre en ligne des données journalières d'entée-sortie par mode de transport. Ce qui permettrait d'étayer les analyses économiques des acteurs. Service public souvent ignoré, celui de l'information statistique a pourtant des progrès à faire à portée de la main.   

Si, effectivement, la Corse avait perdu comme certains le disent 80000 entrées, la perte de dépenses touristiques serait alors de 50 millions € plus 2 à 3 millions € de pertes de recettes fiscales. En termes de valeur ajoutée, la perte directe serait de 17 millions €. Reste alors à calculer les effets induits de ces sommes, et surtout à vérifier l'ordre de grandeur des pertes de trafic. Quelques pertes de recette, essentiellement  des décalages temporels - sont également à prendre en compte à la suite de la désorganisation des chaînes de transport de fret. Enfin, une part des pertes de recettes de la SNCM (10 millions € selon la compagnie) se traduit par une perte de revenu pour la Corse (sous-traitants, grévistes, ...)

2. Les majorations de coût. Pour les voyageurs certaines majorations de dépenses sont sans doute à noter, mais essentiellement au détriment de non résidents. Une hausse qui modifierait le niveau de dépense en Corse pour les clientèles les moins aisées. Par ailleurs l'économie insulaire a été pénalisée par les surcoûts de transport de fret, et la désorganisation des chaînes logistiques. Effet direct sur les coûts de transport - sans qu'on sache dans le détail à la charge de qui - et retards divers touchant l'activité insulaire et pesant éventuellement sur la consommation. 

S'il est actuellement totalement impossible de mesurer les effets de la grève, tant directs qu'indirects, leur estimation est toujours possible... mais en l'absence des données de transport les marges d'erreur sont considérables.

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