Faire et dire , sur le volontarisme

C'était dans TIH 475, un petit papier sur le faire et le dire, suggéré par le retour sur la scène de N. Sarkozy. 


Faire ou dire
Avec le retour de Nicolas Sarkozy, viennent les références habituelles au «volontarisme » en politique. Comme si le dire était identique au faire.

Il reste que la volonté serait un signe favorisant l’adhésion, un politique devant montrer qu’il « veut faire quelque chose pour les gens », et refuser une eau trop tiède.
Dans le domaine des transports – comme ailleurs - le volontarisme renvoit cependant à deux postures bien différentes.  
- L’une est programmatique. Napoléon III (chemins de fer), Pompidou (autoroutes), l’ont été. Le TGV – lancé par Pompidou – trouva en Giscard un opposant (favorable alors à l’Aérotrain). Charles de Freycinet, laissa son nom au gabarit de nos canaux et lança un vaste programme de développement ferroviaire. Et Baptiste Alexis Victor Legrand à « l’étoile » que forment les grandes lignes de chemin de fer décidées dans les années 1840.
Les politiques aimaient les schémas, les cartes, qui témoignent de leur volonté, de leur projet et de leur matérialisation dans l’espace. Ils étaient dans le faire, et dans la durée.  C’était l’époque, où, bien que n’ayant pas l’ombre d’une idée de ce que sont les méthodes de rationalisation des choix budgétaires ou de planification stratégique, les politiques comprenaient que les transports ne changent qu’à conditions de dire comment, et donc de programmer des investissements.
- L’autre, le volontarisme moderne,  est tout autre. Plus émotionnel, il prend à partie, cherche l’adhésion, mais non au programme, c’est à dire au « faire » ou au « comment », mais à un objectif relativement vague.
Ainsi a-t-on vécu depuis plusieurs decennies l’émergeance de schémas de plus en plus vagues et de propos de plus en plus volontaristes, certes, mais déconnectés de la réalité.
On se rappelle sans doute de la volonté de Gayssot de doubler le fret ferroviaire. On parlait à l’époque d’atteindre 100 milliards de tonnes.km. Pas l’ombre d’un programme n’était mis en face de l’idée. On se rappelle aussi  le Schéma National des Infrastructures de Transport sensé renouveller « la réflexion sur la cohérence des réseaux et infrastructures de transport » dans la lignée du « Grenelle de l’environnement », et les déclarations volontaristes du président d’alors, Nicolas Sarkozy, sur le fret (« amener le fret non routier de 14% aujourd’hui à 25% en 15 ans »). Mêlant peu d’actes de fort impact, dont l’échec est désormais parfois avéré,  certaines mesures illusoires et misant beaucoup sur l’Ecotaxe (alors que l’exemple de la Maut allemande aurait pû modérer l’enthousiasme), la politique menée  - qui perdure en partie – ne produit aucun résultat visible.
L’idée qu’une politique des transports soit chose simple est bien entendu illusoire. Ne serait-ce que parce que ce secteur, pour diverses raisons, connaît nombre de conflits souvent paralysants. 

L’abandon de tout lien réaliste entre le dire et le faire, entre l’objetif et les moyens, décrédibilise le politique et devrait pousser à un examen minutieux du volontarisme. La compétitivité comme le bien être se cachent dans ce simple détail : faire ou dire.

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