#SNCM #CORSE : la stratégie de l'exécutif Corse

Le Président de l'exécutif Corse vient de répondre aux questions de Corse Matin sur le tout prochain dépôt de bilan de la SNCM. 

Voir Corse Matin

Son point de vue est connu. 
Il rappelle en particulier l'état des dettes exécutables de la Compagnie (660 millions €...) et l'importance des avances d'actionnaires (147 millions €), dont la fin est logique ("Sinon, en droit, ça porte une qualification : le soutien abusif"). Le Président en profite pour rappeler  que la compagnie dégage des pertes récurrentes qu'il chiffre à 20 millions €/an.

Pour lui, le moment est propice pour annoncer " avec beaucoup de gravité : je ferai tout, et dans les règles, pour que la DSP soit transmise au repreneur aussitôt que celui-ci sera désigné. Peut-être qu'il y aura des recours, nous y ferons face."

Autrement dit, discontinuité oui, mais continuité de la DSP. Une position logique, puisqu'il entend bien, quand le repreneur sera connu et qu'il apportera toutes garanties lui "rétrocéder" "la part de mission de service public qu'il aura à accomplir aux côtés de la CMN." Le mot "rétrocéder" est important. 
L'exécutif apporte en outre deux informations utiles : 

  • il entend bien donner vie à la SEM qui sera finalement chargée d'investir dans de nouveaux navires (2) et dont tout indique que leur financement a déjà été évoqué avec les "fonds souverains" français,
  •  et par ailleurs il sera "extrêmement attentif à ce que la Corse, qui est le cœur même de l'activité du délégataire, soit préservée au maximum quant au maintien de l'emploi."


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Plusieurs éléments peuvent être tirés de cette interview.  

1. Une assurance sur la stratégie de la CTC qui mise sur la "continuité" dans la discontinuité. 
2. La volonté réitérée d'installer une SEM en charge de porter les navires nouveaux.
3. En "creux" il met en évidence l'un des enjeux sociaux majeurs du futur redressement judiciaire : la répartition de l'emploi. Un sujet qui, bien entendu n'a pas strictement le même sens à Marseille et en Corse, pour la CGT et le STC. 
4. Cette stratégie, en revanche, est moins claire sur la question de la DSP. A mon sens faire "comme si" la DSP adoptée il y a un an reposait sur des données parfaitement cohérentes pose problème. Comme d'ailleurs le fait que la DSP ait été accordée en faisant comme si les ingrédients d'un dépôt de bilan imminent n'étaient pas réunis. D'ailleurs les avances d'actionnaires, dont tout le monde avait bien conscience que leur remboursement rendrait le dépôt de bilan inéluctable, avaient été faites en connaissance de cause.
5. Le débat politique et social n'est pas fini, bien au contraire. 


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