#routiers : conflit des routiers, impasse ?

Il faut être deux pour négocier. En fait bien plus puisque de part et d'autre de la table le pluralisme syndical est de mise. 
Négocier, c'est à dire rechercher un accord.

Pour ça encore faut-il réunir deux conditions : 
1. parler de la même chose ; 
2. avoir envie d'aboutir.

On peut douter que ces deux conditions soient remplies.

Et si elles l'étaient, encore faudra-t-il rendre compatible ce qui ne l'était pas "avant" la négociation.

Peut-être regrettera-t-on du côté des parties prenantes et du gouvernement que n'existe plus d'instance de concertation qui, à l'instar du Conseil National des Transports, permettait jadis, non d'éviter les conflits, mais de partager des diagnostics et de comprendre les divergences. 
D'autant qu'une partie prenante manque cruellement dans le débat : le client ou "chargeur" comme on dit, qui sera évoqué voire accusé en coulisses. 

La concurrence déloyale et le dumping social dont se servent certains comme d'un "bouclier" concerne surtout l'international, comme d'ailleurs certaines formes de sous-traitance vers des travailleurs indépendants aussi bien en intérieur qu'en international. Mais le cabotage - moins de 3% du transport intérieur - ne peut tout expliquer, tout justifier. 
Alors ?  S'il est vrai que le pavillon français est "mal", c'est qu'il a progressivement (presque) disparu de l'international, entraîné par son manque de compétitivité, certes, mais aussi par une balance commerciale française malade de déficit. Et tous les transports ne sont pas "exposés" à la concurrence "des autres". Enfin,  pavillon ne veut pas dire "entreprises", tant il est vrai que nos entreprises n'ont pas toujours ni toutes oublié de prendre pied à l'étranger. 
Mais je comprends qu'on stigmatise la nature de la concurrence en Europe, et l'effet coûteux pour la France de l'absence d'harmonisation fiscale et sociale. Bref qu'on soit fédéraliste (enfin j'aimerai bien). 
Mais peut-on répondre à une revendication par une stigmatisation, les uns et les autres ne s'interrogeant d'ailleurs pas sur l'origine des produits qu'ils achètent chaque jour ?
Accepter de parler du partage de la productivité n'est pas stupide, ça serait même une bonne idée. Mais tant qu'on partira du principe que les prix résultent de la concurrence déloyale, les coûts de facteurs extérieurs, et l'activité de la conjoncture, il ne reste rien à négocier. Jamais. 
On ne peut pas demander des protections - comme l'indexation des prix sur l'évolution de celui du gazole - et refuser de négocier sur des salaires, indexations logiques sur la productivité des entreprises. Mais comment ? Sur quelle base ?
Chargeurs, et bien sûr l'Etat - ou l'Union Européenne sont naturellement parties prenantes  indirectes de cette négociation qui peine à commencer. 
Que peuvent en effet répondre des syndicats ouvriers à des revendications patronales sur la durée du travail ou "la concurrence déloyale" ? Rien. 
Négocier est nécessaire. Dommage qu'on semble avoir tant de mal à le faire.


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