#Autorité_de_concurrence : Condamnation des messagers 672 millions €. Discutable ?




L'Autorité de la Concurrence vient donc de condamner les messagers, et l'organisation professionnelle #TLF, à payer plus de 672 millions d'Euros,  du fait de différents griefs. 
Des sanctions présentées - au terme d'un rapport de 233 pages - comme  "proportionnées à la gravité des faits, à l’importance du dommage causé à l’économie et à la situation de chacune des entreprises sanctionnées" 
Un dommage dont on ne trouvera pas véritablement l'évaluation précise dans la décision.  

Quels sont les griefs ?

• L'un d'entre eux est défini ainsi : "(...)une pratique concertée visant à restreindre le jeu de la concurrence entre elles sur un élément de prix, dénommé « surcharge gazole », en convenant de la répercussion des variations du prix du gazole selon une méthode commune." 
On comprend l'émotion des entreprises, par ailleurs engagées alors dans des réflexions avec l'Ademe pour évaluer correctement le CO2 émis par les prestations de messageries. 
Les difficultés méthodologiques d'imputation des coûts de carburant sont les mêmes que celles relatives au CO2, et il est patent que les professionnels étaient poussés - au niveau national et international (comité de normalisation) - à travailler ensemble sur ce sujet.  
Ce travail a même aboutit, d'une manière générale à permettre règlementairement la forfaitisation  des émissions, ce qui reviendrait à forfaitiser aussi les consommations de carburants, et donc l'incidence éventuelle de l'augmentation de leur prix.  On ne l'a manifestement pas compris. Et dans le même temps, le Ministère, répondant aux demandes des transporteurs routiers, rendait obligatoire l'indexation dite gazole des prix (surcharge en pied de facture).
Alors, échange d'information, certes - tout le monde échangeait alors sur le sujet - mais à des fins anti-concurrentielles, on peut discuter...

• Le second grief, celui d'échange de données tarifaires, sur un marché très concentré comme la messagerie, marché qui d'ailleurs s'est concentré beaucoup plus encore pendant la période sur laquelle portent les griefs, peut prêter à sourire, quand on sait que tout le monde connaît parfaitement les tarifs de l'autre, et d'ailleurs, ne manque pas, parfois de s'en plaindre. 
Au surplus, ces données sont d'ailleurs assez faciles à recomposer techniquement et sont le BaBA du métier.
On soulignera enfin,  qu'existe depuis fin 1993 en partenariat  entre les services statistiques du ministère des transport et la avec la Fédération des entreprises de Transport et Logistique de France (TLF), pour administrer une enquête  dont le "but de suivre l’évolution de l’activité française de la messagerie traditionnelle et de l’express, nationale et internationale. Les variables étudiées sont : le tonnage expédié, le nombre d’envois traités et le chiffre d’affaires hors taxes généré.".Ce qui revient à étudier tous les trimestres le prix moyen par envoi par segment de marché.   Il y a donc bien des données publiques factuelles de prix moyens.

Cette affaire laisse l'impression d'une certaine incompréhension du marché de la messagerie, et également du niveau d'information réel des praticiens de ce métier sur le terrain. 
Reste que formellement, l'Autorité de Concurrence est choquée de ce qu'on discute de prix au sein du conseil de métier de la messagerie de TLF.  N'est-ce pas dans la logique des choses pour beaucoup d'organisations, dont l'une des fonctions première est de partager de l'information ? 

@UnionTLF @GEODISGroup @Chronopost @KNLogistics @FedEx @TNTFrance @GEFCO_Group @XPOLogistics_Fr @DBSchenker @DeutschePostDHL @GroupeLaPoste @RoyalMailGroup

VOIR la Décision de l'autorité de la concurrence

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