Les transports, la politique et nous

Les transports, la politique et nous


Il y a un peu moins de 5 ans (avant les #présidentielles) je publiais dans Transport Info (alors hebdomadaire), une série d’articles exprimant mon scepticisme sur la possibilité de voir émerger et mis en œuvre une politique des transports cohérente en France. 
Les raisons en sont tout autant institutionnelles que sociologiques et liées à l’organisation de la vie politique dans notre pays. Je n’y reviens pas.
Ce qui me frappe c’est hélas le fait que peu de choses évoluent dans ce domaine.
Ainsi, on passe souvent bien plus de temps à opérer par petites touches, qu’à mettre en œuvre une politique d’ensemble, en se cachant parfois derrière des contraintes extérieures ou budgétaires et en faisant preuve d’absence d’imagination.  On s’attache à déminer, à tenter de réparer, parfois à défendre ou protéger, de temps en temps à libéraliser, et jamais à concevoir une politique d’ensemble reposant sur une bonne adéquation entre les objectifs poursuivis et les moyens et programmes mis en œuvre.
La question des VTC, des Taxis et des « transporteurs LOTI », est de ce point de vue exemplaire. On n’a pas, ni au niveau local ni à un niveau plus général de débat sur la question du transport de voyageurs à la demande, sujet pourtant essentiel, tant en milieu urbain que rural.
Autre exemple, celui du transport combiné et des autoroutes ferroviaires. Nous n’en finissons pas d’entendre les politiques vanter le report modal et de souhaiter l’essor du combiné. Or non seulement il n’y a pas de véritable politique d’ensemble reposant sur des programmes cohérents permettant d’avoir un impact conforme aux objectifs jadis annoncés, mais on constate que la maigre aide apportée par l’Etat (au coup de pince) au titre de 2015 n’est toujours pas versée à l'automne 2016.
Dans le domaine du transport routier de marchandises, c’est à la concurrence déloyale que l’on tente de s’attaquer. On écrit donc à la Commission Européenne, on réitère d’anciennes thématiques sur l’harmonisation sociale (sans être au clair sur son contenu), et on invente de nouvelles règles applicables aux transporteurs étrangers faisant du transport international avec nous ou du cabotage. Mais on est bien en peine de comprendre où l’on veut véritablement aller, ni d’ailleurs comment on traite dans ce domaine l’activité des travailleurs non-salariés, d’ici ou d’ailleurs.  Mais plus gravement on ne réfléchit pas sur la réalité du transport en Europe (ni d’ailleurs sur celle de l’industrie et de nos échanges extérieurs), et donc sur le mode d’intégration européenne.

Et ne parlons pas du psychodrame autour de l’aéroport de Notre Dame des Landes et de quelques grands projets d’infrastructure (comme Lyon-Turin), témoignant de toute évidence de l’inadéquation de nos procédures d’évaluation (pas assez contradictoires, transparentes et pluralistes) et  par suite de décision.  Ne parlons pas plus de politique fiscale ou de tarification de l’usage des infrastructures, masquant par ailleurs une question plus large et plus fondamentale concernant le partage entre de qui relève de l’impôt et ce qui relève de la taxation.

La posture, répondant à une logique plus émotionnelle que rationnelle, est le plus souvent l’inspiratrice des actes de nos responsables politiques. Hélas.
Et du coup, les acteurs du secteur, le savant, réclament à leur tour des gages à montrer à leurs troupes.

D’où mon scepticisme. Ce qui ne veut pas dire qu’il est impossible de se remettre à faire de la politique des transports un sujet sérieux.


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