Uber Freight révélateur de notre imprévision

Avec l'annonce du lancement d'#Uber-Freight, un scénario à peine envisagé il y a encore peu - la combinaison entre une plate-forme et des véhicules autonomes (mais pas seulement) - est en train de prendre corps. 
Ainsi, le transport routier en général - de passagers comme de fret - pourrait être globalement révolutionné en transférant l'organisation des transports à des plate-formes (donc à des algorithmes) et la transport effectif à des automates. 

Or ces idées sont en germe dans des recherches depuis de nombreuses années. Leur relecture me semble mettre en évidence plusieurs éléments forts : 


  • On doute généralement de la capacité d'une innovation à se muer en start-up, puis à conquérir un espace économique suffisant pour fonctionner dans l'économie réelle. Concrètement du laboratoire à Uber il y a qu'un pas et non un fossé infranchissable ;  ce que l'on a peu anticipé.
  • Lorsqu'une innovation majeure intervient, on imagine généralement sa diffusion lente (ce qui n'est pas totalement faux). Pour autant on néglige le fait que si cette diffusion est globalement lente elle est généralement très rapide dans certains territoires accentuant les fractures technologiques et économiques.
  • Plus encore on peine à accepter que plusieurs innovations convergent et donnent naissance à de nouveaux modèles économiques.
  • On imagine généralement aussi que des étapes devront être franchies avant de bénéficier en plein de l'innovation. Ainsi, en ce qui concerne les poids lourds, les recherches d'il y a moins de 15 ans avaient du mal à "accepter" la diffusion d'emblée du transport autonome, mais envisageait des étapes comme la constitution de pelotons (trains virtuels) de poids lourds, ou des parcours autonomes sur voies dédiées. 
  • Bien souvent les arguments juridiques suggèraient que l'innovation sera difficile. Sans négliger ces aspects, l'expérience montre que l'on se pose en général les questions "après" que l'innovation soit faite.
  • Enfin, les arguments sociaux ou psycho-sociologiques sont généralement mis en avant comme autant d'obstacles, bien plus que comme des questions politiques. 
Il est frappant de constater que des éléments parfaitement perceptibles en 2003 (Groupe de travail du Conseil National des Transports sur les recherches et innovations technologiques et l’avenir du système de transport) n'ait été suivi d'aucun programme (national ou européen) conséquent à la fois sur le plan technologique et en ce qui concerne la prise en compte des conséquences socio-économiques des innovations prévisibles. Et du coup les disparités d'évolution sautent aux yeux. Ce qui peut trouver un débouché par le marché se développe, imposant son agenda aux politiques, et ce qui le trouve difficilement  - comme le rail - stagne relativement. 

Or c'est précisément d'un Etat (National ou fédéral) stratège, moteur de programmes innovants, dont on a besoin pour maximiser les effets positifs de l'innovation, et non d'un infirmier en soignant les retombées malheureuses. 

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