#Ubérisation de l’économie : ne mélangeons pas tout.



La création d’entreprises, et singulièrement d’entreprises individuelles et de micro-entreprises, a considérablement augmenté depuis le début des années 2000.
On est passés d’un rythme annuel de l’ordre de 220 000/an entre le milieu des années 1980 et 2000, pour atteindre une moyenne  proche de 550 000/an depuis 2010. 
Cette forte dynamique est liée à l’explosion de la part des entreprises individuelles, alors que précédemment celle-ci reculait régulièrement.



Ce mécanisme découle de plusieurs ordres de phénomènes

  • L’un d’entre-eux, bien connu, correspond à la demande croissante des services dits de proximité, et à leur réinsertion dans l’économie marchande et légale à la suite de mesures de nature fiscale.Des domaines comme la santé, l’économie sociale, voire l’enseignement, prennent  une part croissante des créations de micro-entreprises pour en atteindre actuellement autour de 17 %.  Les services en général demeurent le secteur principal dans lequel les micro-entreprises se développent et représentent entre 20 et 30 % des créations.
  • Les phénomènes de type « Uber » dans le domaine des transports ont permis une croissance plus récente des créations qui sont passées de moins de 1% - jusqu’à mi 2012 – à plus de 8 % aujourd’hui des créations de micro-entreprises. 


Il y a derrière ces chiffres trois phénomènes différents, mais impactant les différents secteurs.
  • Le premier concerne l’évolution de la demande de services de proximité qui prend une forme légal et marchande dès lors que les conditions fiscales et sociales le favorisent.
  • Le second concerne l’évolution corrélative des règles (ou leur porosité) et des technologies permettant de révolutionner l’offre de services face à une demande latente forte. C’est le cas du transport de voyageurs à la demande, singulièrement dans les grandes métropoles. Dans ce contexte les entreprises de plate-forme mutent en entreprises virtuelles dont l’offre prend une dimension considérable – idéalement mondiale -, attirant les candidats à la création d'entreprise (effet effectivement boule de neige)
  • Enfin, il convient de signaler l’évolution potentielle des conditions d’exercice de certains métiers – prestations intellectuelles, d’expertise ou commerciales – qui ouvrent à nouveau, essentiellement grâce aux technologies de l’information, des possibilités de travail indépendant. Celles-ci sont d’autant plus ouvertes que le travail en réseau est bien plus facile et ne coûte rien.  Sur ce marché on trouve à la fois des jeunes ainsi que des anciens cadres en fin de carrière.


Le développement du travail indépendant recouvre dès lors des formes dinstinctes dont seules celles relevant de la « plateformisation » peuvent être assimilées à de « l’ubérisation ». On pourrait, mais c'est une autre chose, parler aussi de l'économie du partage ou du troc, que peuvent parfaitement capter  des plate-formes.

Mais, la nature particulière de l’ubérisation aboutit à une relation totalement assymétrique entre la plate-forme et ses « adhérents ». On retrouve là les relations déséquilibrées (dualisme) entre les grands donneurs d’ordre et leurs sous-traitants, à cela près que nous nous trouvons au sein d’un système beaucoup plus fluide et beaucoup plus mouvant. 
En revanche le développement du travail indépendant intellectuel renvoit à un moment singulier : celui, probable, de la baisse de l’efficacité et de la productivité (réelle) des grandes oganisations dans ce secteur particulier, et de l’évidence de l’agilité des réseaux de compétences.


P.S.

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