Des #routiers, du #travail et des #conflits…


Le gouvernement indique à qui veut l’entendre que la réforme du droit du travail vise à renforcer la concertation au sein des entreprises, et singulièrement des plus petites.

Alors pourquoi donc le monde routier est-il en effervescence, avec, à la clef, des blocages programmés ?

Pourquoi donc il semble à ce point que l’interprétation des ordonnances diffère à ce point, et pourquoi donc la négociation collective ne se met pas en place précisément pour éviter les conflits naissants ?

A lui seul le monde routier donne à voir précisément ce que les ordonnances proclament : il n’y a pas un marché global du travail mais des situations diverses, et des réalités différentes. Or, précisément, ce sont les ordonnances qui sont contestées par les syndicats ouvriers (notons au passage que ce secteur est probablement celui, aujourd’hui où la proportion d’ouvriers est parmi les plus importante). De fait, c’est la dissolution de la hiérarchie des normes, garante de la régulation que les syndicats ouvriers contestent.

Pour le comprendre il faut se rendre à quelques évidences :

1. Le transport routier – aussi bien public que privé (pour propre compte) – est une activité qui s’exerce sur la voie publique mobilisant des travailleurs mobiles.

2. Le marché des transports est un marché asymétrique, où les rapports de marchés - variables selon les spécialités – mettent en scène des chargeurs ayant parfois un pouvoir considérable en raison de leur taille, des organisateurs de transport de plus en plus concentrés, et un secteur routier diversifié où cohabitent, pour faire vite, entreprises individuelles, PME et grands groupes. Au surplus, l’équilibre du marché se jouant à la fois dans le temps et l’espace est variable.

3. Les règles sociales et conditions d’exercice sont organisées autour de cinq familles de dispositions : la réglementation générale des transports routiers, le code de la route et les normes techniques du transport (à la fois nationales et européennes), les règles sociales et de sécurité européennes (conduite, repos, pauses…), le code du travail et ses dispositions spécifiques (pour le seul travail salarié), et les dispositions conventionnelles de branche. Toutes ces dispositions ont fait l’objet depuis longtemps de conflits parfois lourds et de négociations collectives délicates par rapport auxquelles l’Etat a souvent dû intervenir.

4. Tout indique que la régulation du marché dans l’espace et dans le temps nécessite le respect d’un socle commun de règles, socle qui, précisément fait débat depuis bien longtemps lorsqu’il s’agit de concurrence entre pavillons sur le sol européen.

La cristallisation autour des ordonnances d’une forme explicite d’inquiétude n’est autre qu’une affirmation de cette spécificité forte du marché des transports – singulièrement routier - que d’ailleurs les organisations patronales aiment à rappeler régulièrement (mais pas cette fois).

Ne pas tout miser sur l’écoute et la recherche de solutions collectives serait donc une erreur grave.

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