Lettre de Mission à E. Borne (#Transports) : Ce que ça dit et ce que ça ne sait dire
La lettre envoyée par le Premier Ministre à la ministre des transports permet de deviner quelques orientations de la future politique des transports et de grosses lacunes.
- La question des grands projets d'infrastructure et de leur financement est-il posé d'emblée. Avec raison, tant l'irréalisme de leur financement et les doutes associés à leur évaluation finissaient par semer plus qu'un doute - enfin - dans l'appareil d'Etat.
- De même l'inflexion en faveur la mobilité de tous les jours est-elle clairement visible.
- On notera avec intérêt que, l'on passera encore une fois par une loi d'orientation, sans qu'on sache comment ce nouveau texte aura plus d'effet que les précédents.
- Notons aussi l'annonce d'un "conseil d'orientation des infrastructures et des mobilités", dont le contour est inconnu mais qui doit, quelque part, témoigner de la pénurie créée par la disparition du Conseil National des Transports il y a quelques années.
- On sent bien aussi que la lettre est quelque part émue par les craintes de détérioration des réseaux routiers, et par la question de l'attractivité "logistique" du pays dans un contexte où la transition énergétique est une priorité assumée.
- Bien entendu, le texte réaffirme que "la concurrence, si elle est correctement pensée et suffisamment régulée, est une chance", ce qui implique "d'éviter ou (à) effacer toutes les causes de concurrence déloyale", et de construire des instruments de régulation "adaptés aux réalités des nouvelles économies de plateformes dans le domaine de la mobilité". C'est tout le problème...
Bref, le discours de veut à la fois libéral et pragmatiquement moderne.
- Vient ensuite le discours de soutien aux filières aéronautiques avant qu'on ne revienne sur l'attractivité portuaire et la politique de la mer sachant libérer les énergies de "l'économie bleue dans le respect d'un environnement plus fragile".
En gros, il convient là de faire des propositions. Le propos se termine alors par des considérations sur la sécurité et la sûreté.
Une telle lettre, met parfaitement en lumière les questions que se pose l'exécutif, et révèle en creux celles qu'il compte négliger.
Ainsi, si la dégradation des voies navigables est évoquée, celles-ci ne le sont pas en ce qui concerne la desserte des ports et en l'espèce celui dont le Premier Ministre est un élu (par ailleurs ancien président du conseil des élus de l’Estuaire de la Seine).
Elle met clairement sur le tapis la question des choix d'investissement et de leur financement, mais elle peine à définir des orientations concrètes en matière de politique des transports en regard des objectifs généraux avancés par ailleurs. La feuille de route est ainsi un double aveu cruel. Dommage que le second soit celui d'un page blanche.
Tout cela témoigne aussi de l'abandon - espérons-le provisoire - de tout mécanisme d'élaboration collective et de cohérence des politiques.
Voir la lettre de mission