#Transport routier européen ou l'illusoire réponse française

L ‘assurance avec laquelle on rassure les routiers français en ce qui concerne les travailleurs détachés est touchante.  On met en avant en effet le décret du 7 avril 2016, faisant lui-même suite à la « loi Macron » du 6 août 2015 qui impose d’appliquer au transporteurs routiers étrangers opérant des transports internationaux avec la France ou en cabotage sur notre sol d’appliquer les niveaux de salaires français.
On s’interroge bien entendu sur un tel texte qui, sous couvert de « détachement de travailleurs », concept curieusement inadéquat à l’activité de travailleur mobile (terre, air, mer, fleuve… ), sauf quand il s’agit de véritable détachement[1], entend renchérir le transport routier sous pavillon étranger. 
Une interrogation juridique d’abord, au regard des textes européens. Une autre plus générale sur la faculté pour un Etat d’imposer à un autre des règles concernant le taux de salaire pratiqué dans le cadre d’un contrat de travail. Faut-il rappeler qu’un transporteur effectuant du transport international peut parfaitement rouler sur les routes de plusieurs pays entre deux paies, et qu’il est parfaitement illusoire d’influer avec notre décret le niveau global de son salaire, et que les règles nationales (pays, branche, entreprise, région) n’ont aucune raison d’intégrer les spécificités de tous les autres Etats. Curieux aussi de constater qu’un transport international pourrait – pour des durées comparables – comprendre un coût de travail différent selon le chemin la longueur du parcours en France, comme par exemple entre Cracovie et Le Tréport.
On peut également légitimement s’interroger, en considérant les objections évoquées évanouies, sur le mode de contrôle de l’application d’un tel texte, étant entendu qu’on ne voit pas un service de contrôle français vérifier la réalité d’un salaire prétendument pratiqué sur notre sol. Où ? Comment ? Sur quelle base légale ? Et surtout comment s’assurer que ce salaire ne soit pas compensé par une baisse corrélative d’une autre composante.
Tout ceci aboutit à une question : pourquoi une telle usine à gaz pour un résultat non seulement fragile mais illusoire.  La réponse est évidente : il ne s’agissait pas d’être efficace, mais de le faire croire. Et de ne pas traiter l’autre question : celle du détachement proprement dit, je veux dire réel. D’où une autre question : A qui donc peut-on le faire croire véritablemenent ?

P.S.




[1] Ce qui implique autrechose que quelques opérations de transport.

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