#Aéroports-de-paris (#ADP) à vendre ? Plein de questions à se poser en dehors du "prix"
La volonté de vendre Aéroports de Paris (ADP) ne fait plus
guère de doutes.
Or, si pour tout un chacun la vente de l’entreprise est un
simple changement d’actionnaire de celui qui exploite les aéroports parisiens,
la réalité est bien différente.
- En premier lieu, ADP – 3,6 milliards € de CA en 2017 – ne
tire que 50 % de ses revenus de l’activité aéroportuaire (1,8
milliards €). Loyers, revenus tirés des commerces, ingéniérie et revenus
internationaux complètent le portefeuille d’activité, à l’instar du revenu tiré
de TAV le gestionnaire aéroportuaire turque désormais au rang des filiales. A
noter, le groupe Air France apporte environ 44% des recettes aéroportuaires.
ADP dans le Monde - En second lieu, l’activité aéroportuaire fait l’objet d’un contrat de régulation avec l’Etat – le dernier court jusqu’en 2020 – ce qui revient à encadrer l’activité et in fine fixer une rentabilité aux capitaux engagés. Autrement dit, vendre aujourd’hui ADP c’est en nécessairement négocier parallèlement le futur contrat. Or, particularité singulière, la stratégie d’ADP relève jusqu’à maintenant de l’Etat, au grand dam d’ailleurs de la Région. Privatiser ADP c’est distendre un peu plus le lien entre la région et son système aéroportuaire.
- En troisième lieu, ADP est loin d’être une petite entreprise, significativement en Europe. C’est même un acteur majeur. Outre sa place européenne, ADP a mené un développement international significatif, et dégage un résultat opérationnel attrayant. On peut espérer qu’il ne s’agissait pas que d’en faire une machine à cash-flow.
- En quatrième lieu, « vendre » ça n’est pas simplement céder le contrôle à d’autres, car cet autre peut être – ou pas – déjà un opérateur majeur sur le marché. C’est donc restructurer le marché. Vinci par exemple gère 35 aéroports en France, Ferrovial a repris British Airport Authority, etc… et on conçoit bien que ces compagnies, comme d’ailleurs Fraport, Schiphol ou des asiatiques, ne se contentent pas de se diversifier mais peuvent avoir en tête une politique de groupe. Ce sera probablement en soi un vrai sujet de négociation.
Ces élements sommaires doivent de toute évidence faire
réfléchir l’Etat, qui n’est pas obligé de pécher par naïveté sur un marché
international où de nombreux gouvernements mènent un politique ouvertement
souverainiste. On aimerait donc en savoir plus.