#SNCF #RAIL : Concertation, mais sur quoi ?

Concertation, mais sur quoi ? 

La "ronde" de concertation engagée avec les syndicats sur la Sncf a un objet limité. 
Organisation, statut des cheminots, ouverture à la concurrence sont les trois sujets posés sur la table.  
Sur ces trois sujets les choses sont pratiquement dites. L'ouverture à la concurrence est une application du droit qu'il convient simplement de décliner, en particulier pour ce qui relève des TER ; le statut des cheminots est annoncé comme condamné ; et l'organisation promise au retour en arrière (SA) et au découpage.
Le "coup" du gouvernement aura été finalement d'enfermer la réforme dans ces seules questions qui ne règlent rien, et qui, en polarisant tout sur le statut, permettent dans un premier temps un soutien populaire au nom de la lutte contre les "privilèges". Un gag, à vrai dire quand on connait l'origine et l'ampleur des vraies inégalités de revenu et de patrimoine en France.

Mais il y a plus grave, à vrai dire, que cette partie un tantinet démagogique et risquée.

Les questions de fond, on le sait concernent plusieurs points essentiels : 

  • Celui de la dette ferroviaire - découlant exclusivement des choix publics passés et d'un certaine tendance à sur-évaluer la rentabilité des lignes TGV (ce qui ne dédouane pas la tutelle qui ne veut toujours pas d'évaluation pluraliste et contradictoire). La question est connue, largement documentée, et les solutions ne sont pas légion. Encore faut-il décider !
  • Celui, souvent négligé des méthodes comptables. Le mode actuel d'application des normes IFRS a conduit par exemple SNCF Réseau à déprécier de 9,6 milliards € en 2015 la valeur comptable des actifs corporels, ce qui conduit à baisser proportionnellement les amortissements, ce qui, manifestement, conduit à faire baisser le coût apparent de production annuel (et accessoirement l'ampleur du capital social négatif de l'entreprise)
  • Celui de l'entretien, de la maintenance et de la régénération du réseau. Autrement dit sa remise à niveau et sa modernisation. Problème connu et coûteux parce que négligé dans le passé.
  • Celui de l'adaptation du service à la demande, ce qui est particulièrement vif en ce qui concerne les TER, et plus généralement le sub-urbain et singulièrement l'Ile de France.  Mais ce domaine est également stratégique pour le fret, où l'enjeu est concrètement de sortir de l'archaïsme et d'innover : le rail n'a aucune chance en conservant sa façon d'exploiter, ses techniques actuelles, bref une offre qui, contrairement à ce qu'on dit, ne peut vraiment offrir une grande capacité, des fréquences et des prix (coûts) compétitifs.  Le renouveau nécessaire est considérable et conditionne la survie du rail sur le marché du fret manufacturé.
  • Enfin, celui de la politique de groupe et singulièrement des effets de synergie et d'offre globale permis par les grandes filiales de la SNCF (voyageurs, fret, wagons...).
Or sur ces points, les projets gouvernementaux ne proposent rien ou pas grand chose. Ce qui conduira nécessairement à de nouvelles déconvenues. 


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