#Grève #SNCF #Borne : L'illusion des certitudes

L’illusion des certitudes
J’ai comme une impression de voir un film déjà vu. Celui où l’on hystérise les débats, oppose les acteurs avant même de discuter. Ainsi en est-il dit-on du « dialogue social » en France.
On découvre chaque jour les ravages de l’arrogance de notre technostructure qui désormais a plus de pouvoir que jamais. Le fameux « en même temps » macroniste se décline sur un nouveau mode : « techno et en même temps ministre », là ou jadis les ex-technos polyvalents devaient faire un minimum d’initiation politique via la conquête électorale locale, nous avons maintenant des technos pur-sucre. Mais passons.
La question ferroviaire est pourtant centrale.
Commençons par les « oui ». Oui, il faut rénover, réorienter stratégiquement, mobiliser, moderniser souvent… changer peut-être de modèle économique ou technique pour certaines activités, et régler le problème de la dette et de la capacité de financement de Sncf réseau. Oui, aussi, il faut se préparer activement et négocier autour de la question de l’ouverture du réseau voyageurs à la concurrence, grandes lignes et TER.  Ce sont là des évidences. Oui enfin, il faut s’interroger sur la question redondante de la mesure des coûts et de la valeur des actifs ferroviaires… sujet technique donc négligé par tous, dont l’impact peut-être majeur.
Et puis il y a les « non ». Non, nous n’avons hélas pas l’ombre d’une idée de la stratégie réelle et des réponses gouvernementales aux questions majeures. On se concentre sur des questions au fond secondaires, dont l’impact de la résolution éventuelle n’est nullement évalué, encore moins contradictoirement. Non, il est n’est pas responsable de commencer un débat (concertation ?) sur la question ferroviaire, par le postulat de la suppression du statut (à quelque échéance que ce soit, et sans en évaluer l’impact économique et social). Non il n’est pas cohérent de parler d’agilité de la SNCF tout en annonçant depuis Bercy la commande de rames TGV (pourquoi Bercy, pour quoi faire ?). Non il n’est pas plus responsable de ne pas répondre aux questions essentielles, comme sur la dette, pas plus que de proclamer que la grève ne s’expliquait ou ne se justifiait pas. Non, il n’est pas raisonnable, après avoir agité le chiffon rouge du statut, d’agiter celui de la taxation – supplémentaire - du transport routier, en croyant sans doute que l’équilibre des stigmatisations est une preuve de centrisme.
Bref, c’est lassant. Lassant de voir qu’on ne sait ni réformer, ni discuter, ni même énoncer une politique. Lassant aussi de voir ce gâchis dont l’impact social, économique et finalement politique s’avère progressivement ravageur. Lassant de voir ce qui était prévisible, puis annoncé se réalise, faute d’écoute, de compétence peut-être ou justement à cause d’une sorte de machiavélisme primaire.
Quand on ne sait plus partager – à commencer par le diagnostic – ni même le rendre pluraliste (ou sont les anciennes réunions du Plan ou celles du Conseil National des Transports ?), et a fortiori les grandes orientations stratégiques, que reste-t-il ?  L’illusion des certitudes !


P.S.

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