#transports : gestion par la crise ?
Depuis le début 2018 la gestion du secteur des transports a provoqué des crises et risque d'en provoquer une nouvelle bientôt.
• A la question de savoir ce qui va changer "vraiment" à la SNCF, on est bien en mal de répondre. Statut : finalement personne n'a fourni d'estimation aboutie des économies ou des sur-coûts attendus. Dette : on ne sait toujours pas comment la dette et sa reprise par l'Etat seront traités comptablement et quelles conséquences on en tirera sur la valorisation des actifs au sens des IFRS. On pourrait aussi s'interroger sur la nième restructuration du groupe SNCF au nom de l'interprétation fort libre des directives ou consignes européennes. Ce que l'on connait c'est l'estimation par le groupe ferroviaire de la perte induite par la grève. Un milliard d'€ semble-t-il. Une somme considérable à la quelle il faudrait ajouter les pertes et surcoûts supportés par les autres secteurs et les clients, ainsi que la valorisation des différents effets "externes négatifs".
• La grève d'Air France aurait eu pour conséquence - outre le chamboulement de son haut management - de fragiliser le groupe Air-France-KLM, et de générer autour de 300 millions de pertes. Là aussi sans compter toutes les autres.
•Ce qui s'annonce du côté de la route - avec la mise en place d'une vignette sur les Poids Lourds - risque également de produire une crise, dont on ne connait pas la nature, mais qui peut-être coûteuse.
Dans les trois cas il y a un phénomène caractéristique : l'impossibilité de construire une négociation véritable, rejetant mécaniquement dans l'opposition une partie majeure des acteurs. Quoiqu'on pense des négociations salariales d'Air France, de la réforme de la SNCF ou de la taxation des poids lourds, on ressent immédiatement un défaut de méthode aboutissant à une gestion par la crise, avec des surcoûts considérables. Le passage en force, sorte de pick-and-go social, conduit irrémédiablement en outre à fabriquer du ressentiment à l'égard de décisions imposées sans travail préalable de réflexion stratégique. Il manque non seulement de véritables concertations - je pense naturellement à celles, jadis, menées dans le cadre de la Planification française, mais aussi au groupes de Conseil National des Transports - mais aussi ce qu'on peut désigner comme une évaluation contradictoire et pluraliste des projets. Or cette absence hystérise mécaniquement les discussion en excluant du débat l'analyse des enjeux.
Cette façon de faire - semble-t-il voulue par le gouvernement - est donc une machine à fabriquer du mécontentement, et à générer des surcoûts pour la collectivité. Sans doute le gouvernement pense-t-il que ces pertes seront compensées par les résultats attendus de ses décisions. Les une sont certaines, et avérées, les autres hypothétiques ou discutable. Il n'est donc pas certain que la gestion par la crise soit finalement un signe positif du "nouveau monde", mais un retour assez loin en arrière.