Transports : à quand les travaux pratiques ?


Les prétendues exigences de la communication consistent à apporter des réponses aux questions du moment. Bonnes ou mauvaises, elles répondent à un mouvement d’opinion en espérant en susciter un autre – positif pour le pouvoir -.  A l’autre bout du spectre, les politiques cherchent à s’emparer des thèmes porteurs touchant à la société ou à l’avenir de la planète. Ainsi déclinent-il un ensemble de discours autour de principes. Dans notre secteur ces deux niveaux de communication se traduisent d’une part par des mesures visibles de court terme (vitesse, taxes, réforme de la SNCF), et de l’autre des envolées abstraites en faveur par exemple du report modal, du désenclavement, ou de la transition écologique. En réalité, le discours consiste à relier les deux artificiellement. Ainsi la réforme de la SNCF doit elle permettre de renforcer la compétitivité du rail, etc..) 
On ne reviendra pas sur l’économie des réformes passées ou à venir, mais seulement sur une évidence. Entre l’immédiat et le devenir, il manque un lien, concret, c’est à dire un programme.  Le « comment ».
Comme un client cherche à trouver des solutions à ses problèmes, on pourrait dire que l’économie et la société françaises cherchent des solutions à leurs problèmes de transport et leurs objectifs de développement durable. Et là on plonge directement dans le concret, le quotidien de tous. D’autant que les transports sont des services remplissant une fonction vitale devant – sous contrainte – répondre à des besoins concrets.  Il s’agit en effet de mettre en face de besoins précis, des services tout aussi précis, en assurant une liberté et une variété de choix.  Le particulier désirant se rendre au travail, en congés ou chez sa grand-tante, aussi bien que le chargeur souhaitant expédier des produits à son client a pour ainsi dire un problème à résoudre que les transporteurs ou les organisateurs de transport s’efforceront de régler. Et pour y parvenir, il revient à la puissance publique (à tous niveaux) de concevoir et mettre en œuvre les réseaux nécessaires, ce qui revient à agir directement sur l’offre, et à mettre en œuvre une régulation efficace du marché. 
Or tout se passe comme si la question basique du client (« comment fait-on » ?), d’ailleurs tout autant quantitative que qualitative, passe régulièrement au second plan, par excès d’approche abstraite.  On parle beaucoup de répartition modale, d’émission de CO2, et parfois de grands projets d’infrastructures, mais finalement assez peu des problèmes concrets. 
Ainsi, on déclare vouloir développer le rail (voyageurs comme marchandises), mais on oublie d’une part la demande concrète (à commencer par celle qui est très contrainte), et de l’autre l’organisation pratique et effective de l’offre. 
Prenons un exemple : comment fait-on pour bien relier le port du Havre à l’Ile de France, ou si l’on préfère quels services sont offerts et que prévoit-on à l’avenir ? La question est d’autant plus intéressante qu’on a investi au Havre… Quels sont les terminaux de transport combiné adaptés en Ile de France ? Comment peut-on rendre compétitif les transports fluviaux et ferroviaires ? Comment améliorer l’efficacité routière et l’aider à se « décarbonner » ?  On attendrait une réponse globale. Une vision claire de l’offre actuelle, et de celle qui sera disponible à l’avenir.  La question reste largement sans réponse. 
Prenons un autre exemple. On souhaite favoriser le développement du transport combiné. Soit. Bonne idée. On attend naturellement qu’on s’interroge sur les moyens de le rendre compétitif, ce qui implique de réfléchir à l’ensemble des paramètres qui déterminent son coût et ses performances, donc l’offre. Eh bien non ! Le choix politique a été longtemps et demeure de subventionner son inefficacité, et de favoriser des techniques hors marché.  

Une remarque pour finir. On pourrait aisément préconiser, pour les grands projets coûteux toujours programmés (Lyon-Turin, Seine-Nord), d’analyser concrètement, sur la base des échanges actuels ce que, concrètement, ces projets sont susceptibles d’apporter, et à quelles conditions, et bien entendu de mener cette analyse avec des « vrais clients ». Sans pour autant remplacer l’évaluation.  Ces travaux pratiques seraient éclairants. 

P.S. 

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