#Transports #infrastructures Du #Lyon-Turin, de l’opportunisme, et du programme sans programmation

Du Lyon-Turin, de l’opportunisme, et du programme sans programmation

La question de la liaison Lyon-Turin est symptomatique, doublement ! En premier lieu elle met en scène une parfaite indécision, à mon avis tactique.  L’objectif du gouvernement français est semble-t-il de laisser le gouvernement italien prendre la responsabilité annoncer l’abandon (au moins provisoire) du projet (« il faut être 2 pour faire ce tunnel », E. Borne, RMC). La recherche d’un bénéfice politique est trop évidente ; on gagnerait sur l’ensemble des tableaux : absence de mise en cause possible par le lobby et les élus locaux favorables au projet, stigmatisation des italiens – actuellement mal vus -, satisfaction des opposants au Lyon-Turin, bénéfice d’annonces consécutives visant à décharger les vallées alpines du trafic routier. Il reste que le gouvernement italien demeure prudent, et a choisi de passer par une étude pour annoncer sa décision, au risque de braquer le mouvement NO-TAV (anti-Lyon Turin) qui avait soutenu le mouvement 5 étoiles. 
Or dans cette affaire, en annonçant l’abandon (ou le report) des travaux d’accès prévus dans les accords, la France a pourtant remis en cause les engagements pris, ce qui n’est pas sans conséquences.
Mais, il y a plus grave à mon sens. Alors que les perspectives de trafic – et donc de recettes de la nouvelle liaison – ont été régulièrement critiquées et remises en cause, silence est fait sur l’analyse économique du projet, et sur l’impact réel de celui-ci par rapport aux objectifs poursuivis (report modal, développement durable, écologie). On aurait pu dans ce contexte s’en soucier et lancer – en coopération avec les Italiens – une étude pluraliste et contradictoire. Mais c’eût été sans doute provoquer le lobby français pro-Lyon Turin, et coopérer avec un gouvernement qu’on n’ose plus fréquenter. Autant laisser à ce dernier le « sale boulot ». Opportunisme.

Sur le plan de la méthode – alors qu’on cherche, semble-t-il de l’argent pour financer non seulement la construction mais l’entretien et la régénération ou modernisation des infrastructures – tout ceci est je l’ai dit symptomatique.  Symptomatique de ce vieux monde où ivresse des grands projets et clientélisme politique empêchent la réflexion stratégique, tout en laissant proliférer la technocratie. On cherche des sous : il suffit d’inventer des taxes, tout en proposant un programme d’infrastructures sans programmation ni financement, et plus encore, sans lien concret avec les objectifs prétendument affichés. 
Jadis on avait annoncé, avec le même goût pour l’abstraction des doublements de trafic ou de part de marché (Gayssot, Sarkozy). Les objectifs sans programme. On est passé à la caricature : le programme sans programmation. Quant aux objectifs ….

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