#Humeur :#Impôts #taxes- La simplicité-complexe ou le graal de la #technocratie au pouvoir

#Humeur :#Impôts #taxes- La simplicité-complexe ou le graal de la #technocratie au pouvoir

Ce qui me frappe le plus dans l’intervention du Président de la République ça n’est pas tant l’effort consenti pour « convaincre et apaiser » la colère des gilets-jaunes (et bien d’autres), mais le caractère  « simplement complexe » des réponses apportées, sans se soucier un instant du Parlement qui vote dépenses publiques et recettes. 

Du côté de l’effort, on note essentiellement des baisses de recettes publiques dont le financement n’est pas encore arrêté, la somme dépasserait 10 milliards d’€.  Mais la nature des mesures est parfaitement révélatrice. 
On n’augmente pas le SMIC mais la prime pour l’emploi, on exonère de charges et d’impôts les heures supplémentaires. Ces deux mesures soulignent au passage – pour l’instant - le manque de considération envers ceux qui ne peuvent travailler à plein temps. Les incidences à long terme de ce type de mesures – touchant une fois de plus aux principes du financement de la protection sociale – aboutissent à modifier non seulement le rapport au travail, mais aussi le mode de gestion de la main d’œuvre. Le fait que les premiers bénéficiaires de la mesure relative aux heures supplémentaires soient les conducteurs routiers à longue distance est parfaitement significatif des choix fiscaux à l’égard des formes de travail, et non du travail en général. 
Rassurons-nous, avant même les annonces du Président, l’évolution fiscale de ce seul secteur routier allait être complexe. Si l’augmentation du SMIC – inchangée – aura un effet mécanique connu, la combinaison de la transformation du CICE et du calcul des fameux allègement Fillon, et de l’Impôt sur les Sociétés aboutit selon le Comité National Routier à une baisse du résultat après impôt. Dans ce contexte, les mesures sur les heures supplémentaires devraient apporter une différenciation sensible des résultats des firmes selon leur type d’activité.
Les mesures relatives aux retraites consistent à ne pas toucher à la désindexation c’est à dire à la baisse de leur pouvoir d’achat, mais à la hausse de la CSG pratiquée en 2018, en repoussant le seuil à 2000 €. Bien entendu la mesure crée un nouvel effet de seuil – comme en matière de Taxe d’habitation – mais semble-il fondée sur une autre assiette. 
Ainsi, l’ensemble des annonces présidentielles – qui ne traite jamais de vrais salaires ou retraites mais de ristournes ou dépenses fiscales - fabrique un peu plus de complexité et d’illisibilité. Les formules de calcul des différentes composantes d’un revenu disponible ou d’un coût du travail deviennent de plus en plus complexes, j’allais dire incompréhensibles. 

Paradoxalement, en face, les variations de recettes ou dépenses de l’Etat sont simplissimes, relèvent d’une règle de trois. On a donc là le graal de la technocratie des finances : la « simplicité complexe » !
L’Etat pilote en déplaçant des milliards d’une case à l’autre, multiplie des niches fiscales de fait, et de l’autre la formule simple du revenu tiré d’une activité et grevé d’impôts sur le revenu, devant supporter des taxes indirectes lors de la consommation devient totalement dépassée. 
La machine complexe s’évertue à distordre cet ordre simple qui donne un sens au salaire. S’y ajoute la différenciation rétablie par le gouvernement entre les revenus du capital et du travail par l’entremise de la « flat tax ». 
Et je ne parle pas des impôts sur la fortune (qui taxe désormais finalement exclusivement les bénéficiaires putatifs de la rente foncière). 

Triste.

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