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2018 : Bavardages ?

L’année 2018 avait commencé, pour les transports, par le rapport Spinetta. Un constat empreint d’un évident bon sens sur la dette (sujet connu et rabâché) mêlé de visions technocratiques sur l’entreprise dont le statut du personnel est alors montré du doigt. Bavardage, dis-je, car, en fait d’énonciation, le rapport fait le job, mais de démonstration, point. Rappelez-vous l’indigence du rapport sur le fret. Au point de me faire dire « cerapport n’a pas d’âge », car il n’énonce pas de politique ou de stratégie. 
Statut Sncf
Puis ce fût la réforme de la SNCF. Un épisode pesant où le gouvernement ne voulut rien négocier mais concerter sur ce qui lui semblait devoir être imposé. On eut donc des grèves, du ressentiment, l’incompréhension des réformistes, et finalement un réforme, où, dette (et encore) mise à part, on peine à voir les conséquences positives pour le rail. Bavardages donc.
Vignette
 Mais, en même temps, de J.C. Spinetta à E. Borne on sacrifia au désir de dire qu’on avait besoin de plus taxer la route, pour, pouvoir moins augmenter les péages ferroviaires (Spinetta), et refonder l’Afitf (Borne).  Et ce fût l’épisode délicieux de la vignette. On est prêt à tout négocier nous dit-on du côté de l’hôtel Le Play, pourvu qu’on taxe de 1 milliard, et on reprit ce vieux bavardage sur l’injustice qui frappe nos transporteurs concurrencés par des étrangers qui ne paient pas les infrastructures, une mini-fiction qui permet de taire les péages et nos particularismes locaux. Renaissance suivie d’un mot d’ordre unanime (si !) des professionnels : il n’y a rien à discuter puisqu’on est en désaccord sur le principe. Au ressentiment des cheminots formellement battus, succédait l’esprit de résistance des routiers, avant que les conducteurs ne s’inquiètent du traitement de leurs heures supplémentaires. Et tout s’évanouira plus tard dans le halo des lacrymos envoyés aux gilets jaunes.
Heures sup’
 Un autre bavardage avait, il est vrai, calmé l’inquiétude des chauffeurs en assurant par décret que la loi ne s’appliquerait pas aux conducteurs, mais le droit s’est vengé de cette irrégularité réglementaire en son Conseil d’État, et poussa E. Borne à promettre à nouveau de régler par la Loi ce qu’elle avait maladroitement dit être réglé auparavant.  Pendant ce temps le projet de loi sur les mobilités avait fini de jouer aux tortillards, en venant en Conseil des ministres, sans émouvoir grand monde. On se demande bien pourquoi ce morceau de bravoure linguistique n’a pas été salué. Trop bavard sans doute !
Ponts
Ah ! j’oubliais, ce fût aussi ce drame italien du pont de Gènes qui fit découvrir au public ce que tout le monde savait : nos réseaux aussi se négligent, et pas que celui du rail. On annonça même un audit international de nos ponts, alors que nous disposons d’une administration technique compétente qui, régulièrement, fait le point. Et on annonça à la rentrée un programme dédié aux infrastructures, mettant en avant force augmentations de crédits, que nous n’avons toujours pas pu recouper avec les chiffres passés tirés des Comptes des Transports de la Nation (attendons donc les prochain).   Un beau programme qui ne programma rien et concéda au bavardage  autour d’un dossier dont on ne sait s’il doit rassurer ou inquiéter.  
Gilet
Et puis ce fût le fantastique épisode des gilets jaunes. Oh ! rien que de très banal que cette réaction un peu vive mêlant sentiment d’humiliation, et bon sens qui eût voulu qu’on modulât l’augmentation (passée et future) de la TICPE dès lors que les prix à la pompe dépassaient les espérances de niveau des partisans de la fiscalité écologique pure et dure. Eh oui, ce sont les prix qui comptent pour les gens, pas les taxes, mais ceci, ils l’apprendront plus tard, sauf pour le gazole non routier, vite exclu des hausses futures.  Et comme on n’a rien dit de très audible et de concret, le mouvement devint plus visible et « en même temps » important, pesant et populaire. En deux mois et demi on aboutit donc aux annonces – dont je ne sais si je dois dire qu’elles sont curieuses ou surréalistes - de 10 bons milliards d’aides et de réductions de taxes, faisant prendre à la France le chemin bizarre d’un pays qui mélange aumône fiscale, cadeaux aux fortunés, et maladresses continues à l’égard des moins bien lotis, tout en faisant entorse à ses engagements passés. Bizarre ce modèle qui stigmatise « le pognon de dingue » des transferts sociaux, et répond à un problème de pouvoir d’achat et de justice par de nouveaux transferts.
On jugera plus tard, quand on saura qui finance quoi. 
LOM
Mais je voulais conclure avec la Loi Mobilité. Reconnaissons-lui le double mérite de mettre au clair la décentralisation (ce qui était facile) et de jargonner à loisir sur la mobilité. Ainsi, je vous livre en conclusion l’effarante présentation du projet sur le site officiel du ministère qui est ainsi rédigée : « Augmenter la part du vélo dans les trajets quotidiens, donner la priorité à l’entretien de nos infrastructures, déployer les mobilités propres, libérer l’innovation…c’est ce que prévoit notamment le projet de loi mobilités, présenté en conseil des ministres lundi 26 novembre 2018. »  Une accroche qui laisse, confessons-le, dubitatif sur l’ordre des priorités, et qui ne préjuge pas, loin s’en faut, de l’ombre d’une politique. Dommage pour la transition écologique. 
P.S. 



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