#Corse #Carburants : « L’impôt sur l’infortune »



Tout commence donc, il y a environ un an avec la flambée du prix des carburants. Un mouvement différent de celui, général, des gilets jaunes.  Alors que sur le continent les plus fragiles se révoltent contre la concomitance de la hausse du baril et d’une augmentation prévue des taxes, en Corse, le doigt est pointé en direction d’une singularité :  bien que bénéficiant d’une fiscalité moins lourde, la Corse paie régulièrement son carburant plus cher que sur le continent, et cette écart tend à augmenter : un « impôt sur l’infortune ».

Depuis se sont succédés diverses explications, une étude commanditée par la Collectivité territoriale de Corse, et des enquêtes de la part de l’Etat. Quand je dis depuis, c’est bien sur sans compter les publications précédentes (Adec, IGF, etc..). 
Autant dire que nous devrions y voir plus clair... Eh bien non ! Et ce pour diverses raisons. 
- La première tient tout simplement à l’absence de transparence sur le coût des différents maillons de la chaîne. En gros la chaîne pour nous ressemble à des pointillés.
-  La seconde résulte des informations contradictoires livrées ici et là. Ainsi la TGAP est-elle nulle, puis significative, puis à nouveau nulle selon les dires et publications. Les surcoût liés à l’insularité sont régulièrement estimés, mais rarement discutés et certains demeurent largement invérifiables. Par exemple on nous explique que l’ensemble des coûts des dépôts pétroliers de Corse (y compris les jolis bénéfices dégagés), constituent un élément du surcoût insulaire, comme si, ailleurs, il n’y avait pas de dépôts. Le transport maritime de même, comme si on ne transportait pas les carburants vers les dépôts continentaux.  Mais passons.  Car même ces surcoûts n’expliquent pas tout. 

On met ensuite en cause les pompistes. Facile. On n’a pas de GMS sur le marché des carburants  en Corse. Mais nous savons tous que le nombre de pompistes ne dépend pas chez nous uniquement du cubage vendu, mais plutôt du cubage en période de pointe. Il s’en suit, certes, un surcoût, mais qui n’explique en rien l’écart massif avec le continent. 
Quel est-il d’ailleurs ? Si on considère le prix hors taxes du gazole par exemple, l’écart - comprenez le surcoût - est d’au moins 13 centimes. Admettons que notre système de distribution et les surcoûts liés à l’insularité en expliquent une moitié, il reste donc au minimum autour de 6 à 7 centimes inexpliqués. Est-ce un hasard si ce montant est juste un peu inférieur à la « moindre taxation corse » ? Je m’interroge. Je pourrais continuer ainsi avec bien d’autres question. 

Mais un sentiment demeure. Voilà. C’est très simple, et pourtant c’est devenu extrêmement flou et compliqué. Pourquoi ? Parce que la non transparence favorise l’incompréhension ou les interprétations erronées.  Parce que des chiffres fantaisistes ont été avancés. 
Or ce que nous savons par ailleurs, c’est qu’en amont, les sociétés pétrolières ont des stratégies de renforcement des marges, des bénéfices et des dividendes. Les comptes et les déclarations des groupes Total et Rubis le montrent. Total par exemple vient d’annoncer un objectif de croissance des dividendes de 5 à 6 %/an. Et on connait le ressort de la stratégie dite de niche du groupe Rubis. 
Alors il est logique que l’on continue, un an après, à s’interroger, à poser des questions, à demander à y voir clair.  L’enjeu a été nettement identifié : il s’agit des conditions de vie des captifs les plus précaires, et, d’une exigence de justice et de transparence. Au fond, ce qui est anormal, en dehors des prix à la pompe, c’est qu’on soit encore et toujours dans le flou. 

P.S.

27 septembre 2012.

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