#Corse #DSP Maritimes : Nouveau tumulte ?
#Corse #DSP Maritimes : Nouveau tumulte ?
Ainsi donc ce que j’avais appelé la « tumultueuse histoire de la continuité territoriale » se poursuit en Corse.
· Premier élément, la grève qui, pour résumer mobilise les marins de la Méridionale qui réclament une alliance entre leur compagnie et la Corsica Linea dans la perspective du prochain « système » de délégation de service public articulé autour d’une Semop, le tout dans un climat visible de tension.
· Second élément, la consultation pour la DSP (de très courte durée) pour les ports secondaires du sud (PortoVecchio et Propriano) a été pour la seconde fois déclaré infructueuse.
Nous sommes donc bien dans une situation de crise.
· Enfin, la presse commente globalement le mouvement de la Méridionale et des dockers en parlant des conséquences sur le tourisme, alors que ce qui est en cause concerne essentiellement le fret sur Marseille, et, les craintes pour cet été évoquées par certains élus en raison des incertitudes générées par le caractère infructueux du second appel d’offre pour l’année 2020 concernant Porto-Vecchio et Propriano.
Cette situation évoque à mon sens quatre questions :
1. Comme je l’ai souvent souligné hélas, la véritable question du contenu du service requis par la collectivité, pour lequel nous constatons ou non la défaillance du marché, est toujours aussi mal posée. Il s’agit en effet de discuter et d’évaluer les besoins concrets de note île et d’examiner si ceux-ci peuvent ou non être satisfaits par le marché, avec ou non des Obligations de Service Public, ou s’il convient de recourir à des DSP. Or sans débat approfondi sur la nature de la demande et de ses contraintes, il ne peut y avoir d’évaluation des besoins. Il convient en effet de pouvoir faire l’évaluation économique et sociale des avantages et coûts des divers cahiers des charges possibles.
2. Le motif ayant conduit au caractère infructueux de l’appel d’offre de la DSP sur les ports du sud est à lui-seul révélateur. Il s’agit en effet de la constatation tardive que le besoin de service public s’est modifié très significativement en une année ou deux. Or, quels sont les facteurs d’évolution d’un tel besoin ? La demande générale d’une part, et l’offre hors DSP d’autre part. Nous sommes donc face à une équation surréaliste, dans la mesure où dans la période récente, aucune pénurie d’offre n’a été constatée, et où l’offre hors DSP s’adapte par définition au marché, lui-même affecté par la nature de l’offre réelle sous DSP. Tout ça montre bien les limites de l’approche choisie du « besoin de service public ».
3. La grève actuelle – sans compter le mouvement social affectant les ports – résume bien un vaste problème : A chaque DSP, et plus encore pour la prochaine avec l’introduction d’une Semop et l’abandon des DSP ligne à ligne, se déroule un « jeu » qui est susceptible de bouleverser globalement l’équilibre entre compagnies, voire d’en exclure de la DSP. La revendication des marins de la Méridionale est ni plus ni moins une requête en faveur du maintien de l’équilibre antérieur aux actuelles « petites DSP », et donc fondé sur l’alliance entre la Méridionale et la Corsica Linea. Ce qui signifie en creux qu’ils n’envisagent d’ailleurs pas que celle-ci puisse échapper alors à une telle alliance, la Corsica Ferries ou d’autres armateurs ne pouvant pas à leurs yeux s’imposer. Tout ceci prouve que le choix de globaliser la DSP rend encore plus « dramatique » la recherche du futur armateur associé à la Semop. Il sera unique, il faut donc pour sauvegarder un peu l’équilibre antérieur, une alliance entre les anciens armateurs titulaires. Or, le climat actuel ne semble pas propice à une telle alliance.
4. Les rapports entre compagnies historiques de la DSP s’ils n’évoluent pas, auront mécaniquement pour conséquence que les trois compagnies qui concourent d’habitude pour la DSP, et d’éventuels nouveaux entrants, explorent de nouvelles solutions pour dimensionner une offre soit seules, soit en constituant une nouvelle alliance. L’échéance étant proche, il faudra donc dans cette perspective que chacun aille vite dans ses choix et sécurise la flotte nécessaire. Une telle évolution ne sera pas sans conséquences, socialement, dans les entreprises historiquement engagées dans les DSP, et corrélativement, sur les projets proposés par les candidats. Le volet social sera en effet nécessairement important.
P.S. 15 janvier 2020