#COVID19 #Economie #Capacité #Evaluation

La pandémie dite Covid19 a révélé une nécessité basique. Limiter l’ampleur du pic épidémique en « gagnant du temps ». Ce qui revient en gros à la fois, à repousser de pic dans le temps, et à rendre la courbe des malades moins « leptokurtique », c’est à dire plus plate.
Les raisons en sont simples : il s’agit de ne pas être débordés, dépassés, par le flux de malades devant être « traités ». En effet, pour traiter une certaine quantité de malades pendant un certain temps, il faut combiner une capacité de « stockage » et une capacité de traitement suffisante, et bien entendu en amont et en aval, un débit suffisant à l’entrée et à la sortie du système de santé. On est alors dans un classique problème de gestion dynamique où il suffit que l’une des capacités soit insuffisante pour saturer le système et générer des files d’attente. Dans un réseau de transport, cela se traduit tout bonnement par de la congestion et des modifications de comportement. Dans un système de santé, on commence par exemple par repousser les opérations non urgentes à plus tard. Mais l’équivalent de la congestion prend un tour différent. Elle implique un tri fondé sur le risque, et se traduit pratiquement par une hausse de la mortalité
Que nous enseignent ces quelques considérations ? 
  1. Qu’en matière d’infrastructures, de services, de réseaux, etc... le dimensionnement de la capacité nécessite de prévoir une surcapacité significative par rapport aux flux moyens. Un système ne peut être efficace en optimisant à court terme sa capacité : il doit prendre en compte des pointes possibles (régulières ou non !!). Autrement dit, il faut prévoir, estimer, évaluer, et planifier de manière contradictoire et pluraliste.
  2. Que la régulation a comme objectif principal d’économiser de la capacité nécessaire, de repartir au mieux la demande, et de limiter le surcoût de l’encombrement du système. La régulation est d’autant plus difficile (elle aussi dispose d’une capacité limitée) que la congestion s’installe, ou que sa propre capacité est « dépassée ».
  3. Qu’en cas de crise, c’est à dire de saturation du système, le prix à payer devient exorbitant. Autrement dit, le coût de la surcapacité devient alors dérisoire par rapport à celui de la congestion du système. Bien entendu, en amont, on évacue souvent le problème en évoquant la faible probabilité du risque. Or, c’est bien souvent face à l’évènement qu’on en change la probabilité (apprentissage ?). Ce qui nous ramène au défaut de prévision (et de prospective) et d’évaluation contradictoire.
  4. Les approches de l’économie qui négligent complètement le fait que certaines activités méritent non seulement une planification suffisante, mais aussi la prise en compte des besoins en surcapacité, génèrent des coûts sociaux monumentaux. Or les ratios de gestion du type flux/capacité conduisent à ignorer totalement ces coûts collectifs potentiels. Or, en l’espèce en matière de santé, ces coûts ce sont nos vies. 
  5. J’ajouterai un complément. En matière militaire, on se dote aussi d’une « capacité », c’est à dire ici aussi d’un stock de moyens et de systèmes d’armes, et d’une capacité de traitement. Paradoxalement, on accepte plus facilement (encore que ce soit moins vrai...) de disposer d’une capacité non utilisée, mais utile, qu’en matière de santé ... et pourtant on se prémunit contre le même risque.

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