Pandémie, confinement, crise classique et crise de désynchronisation

Pandémie, confinement, crise classique et crise de désynchronisation

La pandémie actuelle, les politiques de confinement mise en oeuvre et les mesures de soutien prises par les gouvernements et les banques centrales conduisent à une évolution relativement classique.  On aurait une baisse de production, induisant celle de la Valeur Ajoutée produite, - donc du PIB - et dans une mesure éventuellement moindre, d’un fléchissement de la demande. 
Le problème est alors de savoir quelle est la durée de cette « crise », et son ampleur réelle compte tenu des branches économiques touchées et des effets dynamiques engendrés.
Si le maintien des revenus des ménages est assuré généralement en Europe, dans une certaine proportion, le fléchissement de l’Excédent Brut d’Exploitation risque d’être plus sensible, même s’il est partiellement artificiel du fait de la nature comptable de l’amortissement,  sans rapport direct avec l’amortissement économique. 

Pour autant, ce qu’on néglige trop souvent, ce sont les effets très importants de désynchronisation des grandes filières productives, et des coupures partielles de chaines logistiques entraînées à la fois par la pandémie et les mesures de confinement. 
En outre, certaines activités ou consommations changent radicalement de structure. Ainsi par exemple, une grande partie des repas pris hors foyer (30 millions/jour en France) se retrouvent désormais pris « à la maison ». 
Enfin, certains coûts peuvent fortement varier comme le souligne justement pour le transport le Comité National Routier (qui néglige en revanche les facteurs de baisse possible). 

Nous sommes donc en présence d’une crise qui, comme le sont les situations nées d’une variation brusque de certains coûts (on pense ici aux chocs pétroliers), affecte la structure de production et les courants d’échange, et pas uniquement les niveaux de production et de demande. 
Mais, les effets de dé-synchronisation, ou de modification brusque de la structure de certaines filières ou chaînes logistique, sont d’une autre nature : Il s’agit là de  situations comparables à celles d’un embargo ou de difficultés subites liées à des situations de conflit ou de guerre.
Dans ces conditions, un délai d’ajustement est alors nécessaire pour tenter de reconstruire des filières efficaces, et maintenir des niveaux adéquats d’approvisionnement.  Délai qui « coûte » naturellement en « Pib » perdu ou « reporté, mais souvent aussi en majoration de coûts impliquant ou non d’ailleurs une valeur ajoutée locale nouvelle significative (sur-travail dans la logistique par exemple). 

Ce qu’on constatera après la crise se résumera - hélas - aux constations générales relatives au PIB, et à l’évolution des grands équilibres (revenu des ménages, marges,commerce extérieur, finances publiques, endettement privé et public etc..) alors que les données structurelles (y compris techniques et géographiques) seront riches d’enseignements.  
La plasticité  de l’économie en période de crise - et l’apprentissage des organisations dans ces situations, conduit généralement à « reformater » très rapidement certaines filières, les organisations nouvelles pouvant perdurer après la crise soit en raison du principe de précaution, soit plus banalement du coût du retour en arrière. 
C’est à ce stade que la réflexion collective. - prospective et planificatrice - peut retrouver une place essentielle. Les collectivités publiques devront y prendre leur part, bien au delà de la réflexion sur le système de santé publique.  Ne l’oublions pas alors. 

P.S. 30/3/2020

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