#Crise des coûts énergétiques : #Castex Efficace ou pas ?

 Crise des coûts énergétiques  :  Castex Efficace ou pas ? 


Trois milliards  et huit cent millions  d’Euros, pour environ 38 millions de personnes, voilà donc venu le temps du chèque de l’Etat pour faire face à l’inflation des prix des carburants.. un chèque net d’impôts mais dont 760 millions reviendront sous forme de TVA à l’Etat. 

Pour le reste de l’énergie on fera avec la modération escomptée des hausses de l’électricité et le blocage du prix du gaz. 

Mais quels sont les enjeux de cette « crise énergétique » dont personne actuellement ne peut connaitre ni l’ampleur ni la durée ? 


Les dépenses de carburants ont une double caractéristique, un peu comme toutes les énergies. Elles constituent l’un des postes significatif de dépense des ménages, et elles forment un poste essentiel des dépenses de déplacement professionnel et du transport public (fret et passagers). Pour fixer les idées le gazole pèse en 2021 dans les prix de revient routier entre 15 % (régional) et 21,5 % (longue distance) du coût.


En outre, l’une des singularités des carburants est de se voir appliqué un régime fiscal différencié. Si le gazole utilisé par les routiers supporte la TVA, celle-ci est récupérée par les entreprises, comme celui de toute matière première, ce qui n’est bien entendu pas le cas des ménages. Au surplus les niveaux de TICPE (accise) acquittés peuvent fortement varier selon les carburants (gazole, essence, GPL, kérosène, etc.) et leur usage, sans compter les disparités fiscales entre régions métropolitaines (faibles) et outre-mer (plus fortes). 

Mais si le prix du carburant des transporteurs peut toujours (souhaitons-le)  être répercuté aux clients - ce qui contribuera à la hausse générale des prix - celui payé par les ménages viendra directement amputer leur pouvoir d’achat. On a donc deux effet, l’un direct et l’autre indirect.



40 % des dépenses d’utilisation des automobiles…


Pour y voir plus clair, il faut rappeler que ce sont environ 40 % des dépenses d’utilisation des automobiles par les ménages qui partent en carburants et lubrifiants, soit environ 40 milliards d’Euros. Même en mettant de côté la TICPE fixe au litre, mécaniquement la TVA tirée des achats de carburants des ménages augmente donc avec celle du produit hors taxes et hors accises.  Ainsi, si la hausse à la pompe en année pleine devait (?) être de 20 centimes TTC, la charge supplémentaire pour les ménages serait de 5 à 6 milliards d’Euros, dont un bon milliard de taxes « en plus » pour l’Etat. 


Or cette ponction globale risque de peser sur ce qu’il restera du revenu disponible des ménages, et donc de leur consommation. Au surplus, on sait que cette situation ne frappe pas les gens de manière homogène. En effet, chez les 10 % les plus modestes, les transports absorbent 21,3 % du revenu disponible. Pour ceux  - péri-urbains, ruraux, … - utilisant essentiellement la voiture l’effet sera donc majeur. 



Le chauffage à 44 milliards € 


Rentrés chez eux, les automobilistes ne seront pas épargnés, puisque les ménages dépensent un peu plus pour se chauffer que pour acheter le carburant automobile, soit 44 milliards d’Euros, dont près de 60 % pour de l’electricité, 22 % pour du gaz, et 13 % (encore) pour du fioul. 

Les ménages frappés de précarité énergétique - 5 millions de ménages quand même (soit 12 millions de personnes, soit 1/3 de la cible annoncée) - risquent donc d’être plus nombreux et plus pénalisés par la hausse des prix. 

S’il est difficile d’anticiper avec précision l’effet combiné  possible - singulièrement pour les plus pauvres - des hausses des prix de l’énergie, et de prendre en compte la grande diversité des cas, on peut cependant affirmer que les blocages et plafonnements (gaz, électricité) concerneront donc autour de 82 % des dépenses de chauffage, mais pas le fioul domestique qui - moins fiscalisé - augmente plus fort que l’essence. 

Le principe de l’aide indifférenciée sera donc inégalitaire, et compte tenu de son quantum n’aura que peu d’effet sur les ménages les plus pauvres devant parcourir de long trajets domicile-travail en voiture et qui sont chauffés au fioul. Faire simple est certes louable, mais coûte relativement cher pour un effet amoindri. De même on peut raisonnablement s’interroger sur cette profonde dérive où les transferts sociaux ne viennent pas seulement modérer l’effet des inégalités de revenu et de condition et lutter contre la précarité, mais compenser des effets conjoncturels sans grand discernement. Signe des temps du néo-libéralisme ? 


P.S. 22/10/21

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