#Corse : Dans le même pot

 C’est donc acquis. Au produit prévisible d’une imprévision coupable relative au dossier maritime, et au risque - fort - de devoir encore faire face à des condamnations, l’exécutif corse et  le gouvernement français ont choisi de répondre par du théâtre. Estimant ne pas être écouté depuis des années, la majorité territoriale a ajouté au « pot » la dette de plus de 90 millions de la Collectivité envers Corsica Ferries, pour revendiquer une approche globale. Ce à quoi l’exécutif national répond, si ce n’est par le mépris, du moins, par un silence mâtiné de juridisme. 

Il est vrai qu’en période pré-électorale nationale dont la vacuité politique semble durable reste le théâtre, malheureux et coûteux théâtre ! Je rêvais d’une intelligente conciliation et d’une révision des postures sur la question maritime, je me retrouve avec les prisonniers corses, le foncier, l’autonomie et toutes les autres questions qui fâchent, sentant bien, au fond que la liste déposée au père Noël, pour symbolique qu’elle soit, permettrait une fois de plus d’évacuer la question du besoin et du coût du service public maritime, en demandant au gouvernement français, une fois de plus de faire oeuvre de solidarité coupable dans le non respect des lois européennes. 


C’est précisément là que je peine à suivre, non par entêtement, mais par soucis de cohérence. 

La dette est là, exigible, à notre charge. On doit chercher à négocier pour en partager le fardeau, et en profiter pour stopper les risques pendants. 

La question des prisonniers, parfaitement scandaleuse elle aussi en droit, n’a rien à voir avec le reste des revendications insulaires qui, de l’énergie à la question foncière, et à l’exercice de l’autonomie, et avant même des compétences déjà détenues, posent la question du modèle économique et social insulaire. 

La question des revenus - travail et protection sociale - se pose en Corse de manière sensible, comme d’ailleurs la précarité énergétique renforcée par la question des prix des produits pétroliers dans l’île. 

Les prix du foncier et de l’immobilier constituent un défi, mais la grande faiblesse de la construction de logements sociaux en fait partie, tout comme - ce qu’on néglige souvent -  le tourisme « gris », et le besoin structurel d’un investissement massif venant de l’extérieur pour compenser une balance commerciale fortement déséquilibrée, partiellement compensée par les concours de l’Etat.  Notre système productif est trop faible, pour vivre sans les concours publics de l’Etat et un courant d’épargne extérieur, alimentant entre autres la rente foncière et le secteur immobilier.  Et pourtant, le territoire corse est attractif pour les touristes et des actifs venant résider en Corse. La question du modèle économique et social, et de sa « durabilité » ne se résoudra pas dans des seuls textes protecteurs, mais grâce à une stratégie où Etat et Collectivité de Corse se retrouveront.  La situation dans les Dom-Tom, devrait nous rappeler les limites, et les risques d’un système aussi déséquilibré.


PS

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