Le rail et le carbone

 Le rail et le carbone 

 

Ainsi donc, le président de la SNCF, Jean Pierre Farandou nous invite, dans un document intitulé « le fer contre le carbone » (https://www.jean-jaures.org/publication/le-fer-contre-le-carbone-doubler-la-place-du-train-pour-une-vraie-transition-climatique/ ) à soutenir une politique qui serait favorable au rail et singulièrement à son entreprise. 

Le raisonnement est simple et direct. Le rail est LA solution pour décarboner les transports, donc il faut investir massivement. Infrastructures et services viendraient révolutionner le paysage des transports en France en doublant la part de marché du rail.  

Sans qu’on ne nous indique le programme ni son coût, on assure de sa rentabilité sociale – sans la chiffrer - . 

Drôle de propos au moment même où l’Autorité de Régulation des Transports (https://www.autorite-transports.fr/actualites/lautorite-adopte-son-avis-sur-le-projet-de-contrat-de-performance-2021-2030-entre-letat-et-sncf-reseau/) manifeste son incompréhension et sa mauvaise humeur, à la lecture du projet de contrat de performance Etat-Sncf-Réseau, qui porte de manière amusante sur la période 2021-2030. Un projet non seulement dépourvu de vision stratégique mais incapable de permettre d’atteindre les objectifs annoncés d’entretien et de renouvellement du réseau. 

Après tout on a le droit de rêver en période électorale ! Mais mon étonnement va bien au-delà : comment en effet parler de gros effort – que n’en a-t-on fait à l’époque du tout TGV – sans s’interroger sur Lyon Turin ferroviaire, indiquer des priorités, évaluer contradictoirement les projets d’infrastructure, et surtout répondre à cette question simple : « comment fait-on pour doubler une part de marché en moins de 10 ans ? ».

Un problème concret (les investissements ne seront pas réalisés d’ici là) et organisationnel et de production (comment convaincre les clients et avec quel service ?).  

Faire comme si, par exemple pour le fret, il suffisait d’améliorer les infrastructures – qui ne seront pas construite avant 2030, pour rendre le rail compétitif,  mériterait quand même qu’on réfléchisse à sa propre compétitivité. Il ne s’agit pas ici d’y croire ou pas… mais de demander des explications : comment en effet faire ce que personne n’a jamais fait : doubler une part de marché des transports en 8 ans ? 

Si je comprends bien, outre le financement d’infrastructures et l’aide à l’exploitation, on compte du côté de la SNCF sur « le report vers le ferroviaire par une tarification du carbone et une réglementation des usages ». Tout s’éclaire. 

La pauvreté stratégique aboutit donc à cette règle permanente : Taxer les autres et réglementer la concurrence tout en finançant le rail massivement. On se croirait dans les années 1930 !  Une façon comme une autre de transformer en objet idéologique un problème bien concret : adapter le rail à son époque, et si possible anticiper l’avenir. 

Il semble qu’il faille attendre. 

 

P.S. 12/02/22

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