#Corse : L’autonomie des principes aux actes

 


La revendication autonomiste

L’autonomie corse des principes aux actes


La revendication autonomiste corse se résume actuellement à trois exigences ou principes. 

Le premier réside dans le reconnaissance du « peuple corse », autrement dit le pendant par exemple de celle des « nationalités » en Espagne, Etat unitaire et non fédéral. 

Le second réside dans la reconnaissance culturelle, et donc celle de la langue, c’est à dire la co-officialité du Corse.

Le troisième serait la faculté pour la Corse de définir ou adapter ses propres lois, et lever l’impôt. Cette exigence revient à considérer que la reconnaissance de la spécificité conduit à permettre a minima une adaptation des normes nationales, et au mieux, la définition de normes et impôts spécifiques. 


Si les deux premières exigences heurtent certains sur le principe, c’est bien la troisième qui a le plus d’impact potentiel réel souhaité par les nationalistes sur la réalité économique et sociale. 


Ces trois exigences ne sont pas hors de portée, bien qu’elles heurtent la conception jacobine traditionnelle et étroite du droit et de la constitution française.  

On peut en revanche considérer que ces exigences une fois satisfaites il restera à définir deux grands volets de l’autonomie. 

- Le premier concerne la liste des compétences nouvelles confiées à la Collectivité de Corse -  qui ne le seraient pas déjà - . 

- Le second tient à la question des ressources de la Collectivité (transferts et fiscalité), c’est à dire au financement de l’autonomie. 


On devrait dès lors, en toute logique, présenter une analyse des compétences déjà obtenues, et de leur financement, et proposer celles que l’on souhaite conquérir ainsi que leur financement. Plus encore, on s’attendrait à ce qu’un débat politique s’instaure dans la foulée sur l’exercice des compétences existantes et souhaitées,  sur les politiques menées  et celles à mener.  On aurait ainsi un débat éclairant, non plus sur de simples principes mais sur leur implication pratique. Une telle analyse pour le passé ne manquerait pas d’être animée en ce qui concerne les transports et les déchets par exemple.  Mais s’agissant des compétences nouvelles il manque à tout le moins une réflexion sur le sens même des « autonomies » nouvelles. Ainsi on aimerait entendre les élus sur le contenu d’une autonomie en matière de politique énergétique, de santé ou d’éducation, sujets qui suggèrent qu’une politique territoriale ne peut être totalement autonome, à l’échelle de la Corse, ce qui ne veut pas dire qu’elle soit impossible.

Autrement dit, il semble bien que la réflexion sur l’autonomie devrait être l’occasion d’un débat politique sur le contenu dès lors qu’un accord sur les principes serait obtenu, ne serait-ce que parce que la conquête de « droits » n’est pas suffisant pour définir une politique. Or les compétences majeures influant sur l’avenir de la Corse impliquent non seulement des moyens importants (énergie, santé,..), mais aussi une stratégie dont le degré d’autonomie réelle mérite d’être évalué. Les expériences passées (déchets, logement, transports) montrent en effet qu’au delà des compétences se pose la question du contenu des politiques menées, et de l’adéquation entre moyens et objectifs. En d’autres termes, si l’autonomie est une conquête qu’on peut espérer, reste encore à en définir le contour et à  montrer qu’on est prêt à l’assumer.


P.S. 21 mars 2020

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