Economie : Corse et guerre en Ukraine

 


Les conséquences des suites de la guerre en Ukraine et la Corse


Comme tout guerre d’importance, celle qui se déroule sur le sol ukrainien entraîne des conséquences économiques fortes, en partie liées aux sanctions économiques, et aux conditions particulières dans lesquelles elles interviennent. Nous sommes en effet depuis plusieurs mois dans un mouvement haussier des prix du pétrole et du gaz et d’une manière générale des matières premières. C’est donc une amplification qu’il faut attendre, et à un niveau assez haut. Le niveau actuel des prix du pétrole est proche de celui de 2008 et des années 2010-2013, et risque donc de le dépasser.  Mais la guerre touchera aussi les marchés céréaliers par exemple, ou celle de l’huile alimentaire. 


Une augmentation de ce type - dont nous avons eu plusieurs exemples dans l‘histoire - a directement deux effets. L’un est direct : la hausse des prix intérieurs, l’autre indirect : la baisse de la demande des ménages, et des difficultés éventuelles dans certains secteurs économiques, l’économie prenant du temps à s’adapter structurellement (choix alternatifs).


Dans ce contexte, le cas de la Corse est singulier. 


  • Son système de production d’électricité et d’approvisionnement électrique est coûteux et carboné à 78 % (centrales thermiques et interconnexion électrique italienne sarco et sacoi).. et il bénéficie déjà d’un support important de la Contribution au Service Public de l’Energie. 
  • Les acheminements vers la Corse (bateau, avion) sont également fortement carbonés, et sensibles au coût du carburant (d’autant plus qu’il est détaxé !).
  • Le carburant routier en Corse est sensiblement plus cher que sa moyenne française continentale malgré une fiscalité allégée.
  • La Corse dans son ensemble est considérée comme une zone de précarité énergétique des ménages, plus forte sur la plaine orientale et l’extrême sud. Elle est donc plus sensible. Cette précarité serait renforcée par la crise dans certains domaines comme la Santé. 
  • Une hausse du prix du pétrole aura des conséquences plus fortes sur le coût des échanges extérieurs de la Corse (importations de marchandises et tourisme) qui ne seront pas sans effet sur la valeur ajoutée produite en Corse. En effet, la Corse a une balance commerciale très fortement déficitaire représentant 50 % de son PIB. Elle risque de se détériorer et sa « compensation » viendrait alors peser en retour sur le marché immobilier (spéculation ?).
  • La hausse des prix pétroliers aura également des conséquences sur les comptes publics par la baisse de certaines ressources fiscales, et des dépenses majorées de la Collectivité territoriale (continuité territoriale par exemple) et nationale (CSPE..). 


Il apparait que les outils mobilisables à  court et moyen termes sont actuellement peu nombreux, et les politiques permettant de lutter contre les effets négatifs sont très faiblement engagées. Il faudra donc une politique sociale adaptée. 





P.S


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J’ai participé (MSC, Savary, Ecopa, ENTE, Salini), à l’étude sur la « vulnérabilité de l’économie corse à une augmentation forte du prix des carburants »  en 2011. Collectivité Territoriale de Corse.

 

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