Dsp aériennes corses : de la méthode

Quelques remarques pratiques sur les DSP aériennes de Corse votées le 30/11/2023 et les méthodes multi-critères utilisées

1. Le choix unanime et logique de l’Assemblée de Corse, de confier 8 lots dits de liaisons bord-à-bord, est, on l’a dit, à la fois attendu et considéré comme largement légitime(vote unanime).
2. Pour autant, rappelons que sur les 8 liaisons, seules 2 ont fait l’objet d’une compétition (concernant Ajaccio-Marseille, et Bastia - Marseille).
3. On remarque que sur les deux liaisons où il y avaitconcurrence, le processus de négociation conduit à augmenter le coût des liaisons proposées par Volotea et à baisser celui d’Air Corsica dans des proportions considérables
Aucune explication n’est donnée justifiant de ces variations très importantes.
 
Liaisonss
Volotea
Air Corsica
Ajaccio Marseille
+ 28 %
-38,5 %
Bastia Marseille
+25 %
-37 %
 
Volotea demeure alors le mieux disant sur la période d’environ 3 à 3,3 millions € par liaison sur la période (2024-2027, environ 10 %).
Cet écart de 10 % correspond à la différence entre satisfaisant et très satisfaisant (une étoile d’écart).
4. Dans le cas où il y a concurrence, les autres critères ont les mêmes évaluations pour les 2 liaisons concernées2 étoiles d’écart pour le critère 2, 1 étoile pour le critère 3. 
Ne connaissant pas la pondération, on peut juste constater que ces écarts « valent » plus de 3 millions €/liaison sur la période. 
 
5. La synthèse des notations par critère, pas plus que la consolidation des items retenus par critère, ne sontexplicites, et les pondérations sont inconnues. Or en analyse multi-critères la pondération reflète les préférencescollectives (ou politiques) et leur taux de substitution, ce qui est donc occulté.
En outre, le critère 2 combine deux critères de coûts (exploitation et carburants) dont le détail n’est pas fourni, pas plus que la méthode d’agrégation
Au surplus, le critère 2 repose sur 24 points distincts, sans qu’on sache comment ils sont agrégés ou pondérés. Le critère 3 sur 3. 
Ces éléments contribuent à rendre le processus d’analyse opaque.
6. Dans le cas où il n’y a pas de concurrence, on remarque que les coûts ne varient que très peu (de -1,6 % à -2,7 %), ceux-ci ne parvenant pas à être satisfaisants ou très satisfaisants (évaluation : « correct »).
Ce résultat pouvait être attendu, mais pose la question de la méthode et de la nature de la négociation : quelles sont-elles ? 
7. L’attribution d’une DSP est un choix public économique et social. On est doncen toute logique, en attente du bilan coût avantage des choix proposés. Il semble absent. 
 
P.S. 1er décembre 2023.


https://www.isula.corsica/assemblea/docs/rapports/2023O2310-.pdf

Posts les plus consultés de ce blog

Mais où est donc passée la politique des transports Par C. Reynaud et P. Salini

L’éclairage des choix, gage de démocratie

Modéliser les transports… pas si simple par Christian Reynaud et Patrice Salini