#uber et #uberpop : Ne pas tout mélanger

Les professions réglementées ont du mal avec l'innovation technologique. 
Et pour cause. Les réglementations ont rarement anticipé sur les apports de la technologie. 
Le transport routier des années 1980 a vécu le #Minitel - vous savez l'ancêtre de la télématique "globale" - comme une révolution des pratiques. 
Ca a heurté de front des institutions, des règles, et donc fait râler, pour finalement être adopté par toutes les entreprises, qui ensuite ont tout aussi naturellement sauté le pas d'internet. Enfin, pas si vite ni si naturellement que ça quand même...

Le problème c'est, au début, d'accepter d'intégrer la technologie et donc son cortège de remises en cause.

Sur le fond l'affaire "#Uber pop" relève à la fois un peu de la même catégorie, et d'autre part d'une catégorie totalement différente. 

  • Qu'une entreprise offre à des clients et des fournisseurs un système permettant la mise en relation en temps réel, est non seulement un plus, mais un moyen de gagner en productivité et en qualité.  Uber a même mis en place un système incitatif pour que des candidats transporteurs (VTC) se mettent à leur compte pour rejoindre "leur système" et donc "leur offre". Autrement dit autant d'emblée chercher une offre de masse.  Comme il se trouve que les VTC ne sont pas des Taxis, et ne vivent donc pas dans le même cadre réglementaire et surtout avec les mêmes barrières à l'entrée, on hérite d'un premier conflit potentiel.  Conflit qui répond assez directement à l'exemple cité plus haut. La technologie fait exploser les barrières entre métiers, et les rend même surréalistes. Le problème est alors non pas d'en refuser le bénéfice, mais de faire en sorte d'organiser un minimum la transition. Pour ça il faut anticiper, ce qui aurait pu être le rôle d'un "Conseil National des Transports" (il n'existe plus), ou d'un "Commissariat Général du Plan" (il n'y en a plus non plus). Alors, on bricole un peu dans l'urgence...
  • Mais il y a un autre problème avec #Uberpop. C'est que le service serait une activité de complément pour des "particuliers". Et là, ça ressemble aux déménageurs du dimanche. Du temps partiel, potentiellement "au noir" et clandestin... On a deux versions du "système". L'une consiste à y voir un scandale. L'utilisation de la technologie pour concurrencer de manière déloyale des professionnels taxés, réglementés et contingentés. Bref, l'horreur. De l'autre une bonne façon d'arrondir ses fins de mois en diminuant la trace carbone du voyageur transporté. Bref, de la productivité écologique. L'évasion fiscale comme subvention au transport vert. Bref la vertu même. La niche idéale.
Le pire dans cette affaire serait de traiter le problème par la technologie, y voyant le facteur de dérégulation coupable, alors qu'il faudrait y voir un facteur d'évolution positif pour les transports à la demande. Ce que révèle en fait la technologie, c'est l'inadaptation des cadres réglementaires anciens, et leur difficile utilisation dans un contexte nouveau. La technologie doit conduire à révolutionner la régulation économique, là où on a tendance à vouloir en empêcher le déploiement par crainte de destruction d'un cadre réglementaire inadapté (d'où par exemple le choix de faire de la géolocalisation en temps réel un monopole pour les taxis). 
Je me rappelle d'une époque où  en attente de rechargement à Marseille, les transporteurs envoyaient par avion leurs licences (contingentées) de transport pour qu'elles couvrent un transport depuis Paris vers le Bouches du Rhône. Aurait-il fallu l'interdire ? Depuis, le problème est réglé. Il n'y a plus de contingentement.

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