Après la polémique #Stefani - Simeoni @marcsimeoni1 - Guidoni @guidonig : Analyse et politique
L'analyse de l'impact d'une grève est-elle nécessairement un acte politique ?
On peut s'interroger après le débat suscité par la publication de l'étude commanditée par le CGPME de Corse sur l'impact de la grève de 2014 de la SNCM. voir mon blog.
• Premier élément : une grève étant un arrêt de production il n'est pas illégitime, y compris pour les grévistes eux-mêmes, d'en mesurer l'impact économique - et par conséquent social -, direct (sur l'entreprise en grève) et indirect (sur le reste de l'économie). Le pire pour un gréviste serait de mener un combat sans effet.
• Deuxième élément : une grève, si elle a un impact immédiat (perte de production, effets indirects), a des effets ultérieurs. Par exemple une augmentation de salaire, un modification des conditions de travail, etc.. et un effet sur l'entreprise gréviste. Pour avoir étudié dans le passé l'incidence de nombreuses grèves (par exemple à la SNCF), la question de "l'après" est souvent centrale. L'activité perdue est-elle récupérée, reportée ? Est-elle simplement perdue ? Des clients abandonnent-ils l'entreprise ? Bref, quelle est la contrepartie de l'éventuel résultat positif - pour les salariés - de la grève. On peut d'ailleurs reprocher à l'étude incriminée de ne pas approfondir le second volet des impacts - mais leur avait-on demandé ? -.
• Troisième élément : le chiffrage de l'effet, même entrepris avec des instruments scientifiques, n'a rien d'un exercice débouchant sur un résultat incontestable. L'économie appliquée n'a rien d'une science exacte, si d'ailleurs ce mot a un sens "scientifique".
Tout ceci débouche donc sur un constat assez simple : tout dépend d'abord du sérieux de l'analyse, de son exhaustivité, et pour finir de l'usage qu'on en fait.
Or une grève est et demeure l'expression d'un rapport de force alimenté par des conflits d'intérêt et des représentations sociales différentes, disons des idéologies opposées. Ces conflits, représentations et idéologies existent avant, pendant et après la grève. Il est donc logique que la question de la perception de la grève - de sa légitimité par exemple - fasse l'objet de débats politiques. En ce sens la parole portée sur la grève est comme nécessairement considérée comme "politique", au point que les faits s'évanouissent parfois derrière les idéologies, et que les "analystes" ne peuvent raisonnablement pas s'estimer complètement "à l'abri" de tout courant idéologique.
Or approfondir - de manière contradictoire et pluraliste - la connaissance des faits et de leurs conséquences, peut permettre d'avancer dans le sens d'un diagnostic partagé. En ce sens, l'analyse aurait moins cette dimension politique (idéologique), mais permettrait au débat politique de s'enrichir.
Utopique ? Chiche !
On peut s'interroger après le débat suscité par la publication de l'étude commanditée par le CGPME de Corse sur l'impact de la grève de 2014 de la SNCM. voir mon blog.
• Premier élément : une grève étant un arrêt de production il n'est pas illégitime, y compris pour les grévistes eux-mêmes, d'en mesurer l'impact économique - et par conséquent social -, direct (sur l'entreprise en grève) et indirect (sur le reste de l'économie). Le pire pour un gréviste serait de mener un combat sans effet.
• Deuxième élément : une grève, si elle a un impact immédiat (perte de production, effets indirects), a des effets ultérieurs. Par exemple une augmentation de salaire, un modification des conditions de travail, etc.. et un effet sur l'entreprise gréviste. Pour avoir étudié dans le passé l'incidence de nombreuses grèves (par exemple à la SNCF), la question de "l'après" est souvent centrale. L'activité perdue est-elle récupérée, reportée ? Est-elle simplement perdue ? Des clients abandonnent-ils l'entreprise ? Bref, quelle est la contrepartie de l'éventuel résultat positif - pour les salariés - de la grève. On peut d'ailleurs reprocher à l'étude incriminée de ne pas approfondir le second volet des impacts - mais leur avait-on demandé ? -.
• Troisième élément : le chiffrage de l'effet, même entrepris avec des instruments scientifiques, n'a rien d'un exercice débouchant sur un résultat incontestable. L'économie appliquée n'a rien d'une science exacte, si d'ailleurs ce mot a un sens "scientifique".
Tout ceci débouche donc sur un constat assez simple : tout dépend d'abord du sérieux de l'analyse, de son exhaustivité, et pour finir de l'usage qu'on en fait.
Or une grève est et demeure l'expression d'un rapport de force alimenté par des conflits d'intérêt et des représentations sociales différentes, disons des idéologies opposées. Ces conflits, représentations et idéologies existent avant, pendant et après la grève. Il est donc logique que la question de la perception de la grève - de sa légitimité par exemple - fasse l'objet de débats politiques. En ce sens la parole portée sur la grève est comme nécessairement considérée comme "politique", au point que les faits s'évanouissent parfois derrière les idéologies, et que les "analystes" ne peuvent raisonnablement pas s'estimer complètement "à l'abri" de tout courant idéologique.
Or approfondir - de manière contradictoire et pluraliste - la connaissance des faits et de leurs conséquences, peut permettre d'avancer dans le sens d'un diagnostic partagé. En ce sens, l'analyse aurait moins cette dimension politique (idéologique), mais permettrait au débat politique de s'enrichir.
Utopique ? Chiche !