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Les politiques de transport de fret sont-elles impossibles ?

  Où comment les politiques de transport de marchandises sont devenues impossibles par Patrice Salini   Je me souviens d’un responsable d’une institution internationale des transports, nous dire lors d’un congrès quelque chose comme cela : «  Si on double la part de marché du combiné rail-route en Europe, on n’aura fait qu’absorber la croissance des transports routiers en un an ».  L’image se voulait forte. Elle voulait montrer que la course à l’augmentation de la part modale du rail demandait plus qu’une gentille politique vaguement incitatrice.   Ça marche, et ça ne marche plus.. Nous en avions pris la mesure au début des années 1980 avec le 9ème Plan en France en privilégiant des investissements dans des terminaux et une réforme des tarifs, plutôt que subventionner l’exploitation de lignes déficitaires. Et nous avons alors obtenu un doublement assez rapide du rail-route, mais c’était insuffisant. On sentait bien que nous allions butter sur une réalité : la SNCF d’alors n

Corse, carburants, toujours dans le brouillard ?

  Corse, carburants, toujours dans le brouillard ?    La question des carburants est revenue au premier plan, au détour de la présentation d’un rapport de l’exécutif devant l’Assemblée de Corse (rapport 2012/O1/164). Une question revenue sur le devant de la scène avec la crise des gilets jaunes, après un demi-sommeil de 7 ou 8 ans.    Un hors d’œuvre un peu fade    Les raisons en sont simples et connues désormais de tous. Les carburants sont chers en Corse… singulièrement par rapport aux Bouches du Rhône, et l’écart semblait bien se creuser. Alors on a cherché. Un mélange de « pourquoi » et de concours Lépine pour trouver une solution.  On attendait donc avec impatience ou à tout le moins intérêt le rapport de l’exécutif, consécutif à celui de l’Autorité de Concurrence, qui, hélas, n’a pas épuisé le sujet tout en faisant des constats forts. Mais voilà, comme on n’a pas eu de révélations sur le  pourquoi , les solutions devront attendre… qu’on approfondisse, ce qu’on ne semble pouvoir f

La réforme de l’Etat… dans la lignée de Giscard ?

  La réforme de l’Etat… dans la lignée de Giscard ? Les réformes prennent souvent un sens quand on les observe dans la durée… après la communication, la pratique.  Les lignes d’action des gouvernements Macron - et je mets de côté les erreurs, les maladresses, ou les décisions provoquées par des évènements extérieurs - me semble s’emboiter parfaitement dans une logique, celle qui fût celle de la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. Et je ne fais pas référence ici aux discours, encore que certaines similitudes existent, mais aux faits.A quelques faits intéressant la gestion publique.  Le flou de la réforme  Entre la suppression/réforme de l’ENA et celle de la haute fonction publique, avec une volonté affirmée de singer des critères de gestion et d’évaluation du privé, il semble bien que va s’approfondir une évolution très sensible de l’administration française.   Bien entendu, en l’absence de clarté des objectifs réels et de critique de l’appareil d’Etat et des pratiques des go

La confiscation de la décision : La fin des choix publics

La confiscation de la décision La fin des choix publics  Le petit texte qui suit me semble avoir une portée générale. Pour autant, mon expérience du monde des transports m’a conduit à y puiser mes exemples et mes constatations. Alors sans généraliser, je suggère. Décider de manière rationnelle est sans doute un objectif ambitieux, et quasi irréaliste.  Faire preuve de raison, et singulièrement en face de grands,  voire de méga-projets, comme les intitule la Cour des Comptes Européenne,  devrait être une ardente obligation.  Faire des choix en se basant sur un mélange d’intelligence, de connaissances accumulées, d’expériences ou d’expertise, n’est cependant pas aisé.  Il faut en effet échapper à tout ce qui menace la décision publique de confiscation . A savoir les préjugés, les slogans, des pulsions, ou pire, la manipulation des lobbies, voire la corruption. Or ces obstacles sont bien vivants et actifs. Préjugés, manipulation, déficience  Les préjugés, comme les slogans reco

Continuité territoriale maritime Subir ou maitriser ?

  Continuité territoriale maritime Subir ou maitriser ? La question maritime, ou plus exactement celle de la Continuité territoriale, empoisonne depuis maintenant de longues années les rapports entre l’Etat, puis la Corse et la justice, européenne et administrative, en charge de faire respecter le droit de la concurrence et des aides d’Etat. On n’a pas encore eu un vrai débat sur la continuité territoriale Quand j’ai écrit en 2017 mon livre sur «  La tumultueuse histoire de la desserte maritime de service public de la Corse  » (L’Harmattan, 2017), je concluais  : «  En effet, d’ici 2019, si d’autres évènements ne viennent pas modifier à nouveau le cours du feuilleton maritime de la desserte de la Corse, il faudra bien trouver le moyen de laisser les opérateurs candidats faire la preuve de leurs capacités à répondre aux besoins énoncés, et à la collectivité d’ouvrir véritablement le débat sur les conditions de desserte . Or c’est ce débat technico-économique autant que pol

La #Corse, la #DSP #Maritime, l’Autorité de #Concurrence et les politiques.

  La Corse, la Dsp Maritime, l’Autorité de Concurrence et les politiques.   Ainsi donc la nouvelle (courte) DSP Maritime a été votée à une large majorité, sans autre opposition que des non-participations polies. Formellement ce vote apparait explicitement comme l’affirmation d’une croyance – contre l’Autorité de Concurrence et la Commission Européenne – en la nécessité d’un service public de voyageurs (sous DSP). En ce sens il confirme une fois encore son opposition à l’analyse de la Corsica Ferries, qui aux dires de l’exécutif « ne s’est pas positionnée pour remporter le marché, mais pour imposer sa vision du service public ». Il est clair que cette Compagnie parie ici sur le caractère illicite du cahier des charges. Le vote concourt donc ainsi à un objectif essentiel, celui de la défense de la pérennité des compétences corses telles que la collectivité les conçoit et celle du service public tel qu’il est défini par l’exécutif corse. Au passage, les prises de parole  critiquan