Articles

#Réforme #SNCF : le bug idéologique

Le gouvernement français a voulu modifier radicalement les règles sociales. Partant, il a prôné un système où l'accord d'entreprise prédomine. De même, il explique qu'il faut que la SNCF devienne une entreprise à part entière, débarrassée du statut d'EPIC, et de celui de ses agents. Or, chaque jour qui passe met en lumière un énorme bug : le gouvernement, si prompt à expliquer qu'il fait ce qu'a promis Emmanuel Macron, montre chaque jour qu'il ne veut aucunement assumer ces transformations. L'exemple de la commande de TGV annoncée par M. Le Maire, est un premier exemple accréditant qu'on ne va pas profondément changer le rapport Etat-Sncf. Le second exemple est celui de la concertation menée sur la réforme. Le gouvernement la mène, en dissimulant une partie du dossier (fret, dette, etc..), et en ne négociant pas véritablement. Au surplus, les négociations de la convention collective et de l'éventuel accord d'entreprise se substituant au ...

#Fret #SNCF : il est peut-être temps de réfléchir non ?

Image
On a donc décidé de filialiser Fret-Sncf.  Avec quel contour, quel projet, pour quoi faire ?  On ne sait pas vraiment, et du coup on se concentre sur la forme (filiale ou pas), ce qui mène tout droit à la question : "mais pourquoi donc ?".   Or tant qu'à faire on pourrait quand même prendre le temps de réfléchir.  D'abord parce que l'UE s'est donnée des objectifs ambitieux ( faire en sorte que  50 % du transport routier de passagers et de fret  sur moyenne distance s'effectue par voie ferrée et par voie navigable d'ici 2050). Curieux objectif d'ailleurs qui vise plus le mode (route, rail etc..) que ce qu'il consomme (énergie) ou émet (pollution, Co2 etc..).  Mais admettons.  Un tel objectif demande des transferts massifs de parts de marché. Or ils ne sont possibles qu'en transformant radicalement le rail. Dans mon petit livre sur le renouveau du fret ferroviaire je rappelais  qu'il fallait donc renouveler considérablement la con...

#Grève #SNCF #Borne : L'illusion des certitudes

L’illusion des certitudes J’ai comme une impression de voir un film déjà vu. Celui où l’on hystérise les débats, oppose les acteurs avant même de discuter. Ainsi en est-il dit-on du « dialogue social » en France. On découvre chaque jour les ravages de l’arrogance de notre technostructure qui désormais a plus de pouvoir que jamais. Le fameux « en même temps » macroniste se décline sur un nouveau mode : « techno et en même temps ministre », là ou jadis les ex-technos polyvalents devaient faire un minimum d’initiation politique via la conquête électorale locale, nous avons maintenant des technos pur-sucre. Mais passons. La question ferroviaire est pourtant centrale . Commençons par les « oui ». Oui, il faut rénover, réorienter stratégiquement, mobiliser, moderniser souvent… changer peut-être de modèle économique ou technique pour certaines activités, et régler le problème de la dette et de la capacité de financement de Sncf réseau...

#Intelligence-Artificielle : Com' ou politique ?

#Intelligence-Artificielle : Com' ou politique ?  Le rapport Vallini veut inciter à faire de l'Intelligence Artificielle une priorité pour la recherche, la formation, l'innovation et le développement. Qui peut être contre ? Personne ! Mobiliser autour de thèmes désormais non seulement à la mode, mais faisant déjà l'objet d'investissements fabuleux de grandes entreprises, et d'Etats, semble en effet la moindre des choses. Soyons également beaux joueurs, et soyons pour. Jouer sur la communication, cependant, dans un monde où la "durée de vie" de l'information est très courte, est de faible influence. On en parle, certes, on fait du buzz... mais on attend des actes ! Donnons acte qu'on nous les annonce.  Attendre donc ?  Eh bien non, parce que, pour le domaine que je connais un peu, celui des transports, nous sommes non seulement très loin du compte, mais que tout se passe comme si nous n'avions pas, dans le passé non seulement inno...

#Aéroports-de-paris (#ADP) à vendre ? Plein de questions à se poser en dehors du "prix"

Image
La volonté de vendre Aéroports de Paris (ADP) ne fait plus guère de doutes.  Or, si pour tout un chacun la vente de l’entreprise est un simple changement d’actionnaire de celui qui exploite les aéroports parisiens, la réalité est bien différente. En premier lieu, ADP – 3,6 milliards € de CA en 2017 – ne tire que 50 % de ses revenus de l’activité aéroportuaire (1,8 milliards €). Loyers, revenus tirés des commerces, ingéniérie et revenus internationaux complètent le portefeuille d’activité, à l’instar du revenu tiré de TAV le gestionnaire aéroportuaire turque désormais au rang des filiales. A noter, le groupe Air France apporte environ 44% des recettes aéroportuaires. ADP dans le Monde En second lieu, l’activité aéroportuaire fait l’objet d’un contrat de régulation avec l’Etat – le dernier court jusqu’en 2020 – ce qui revient à encadrer l’activité et in fine fixer une rentabilité aux capitaux engagés.   Autrement dit, vendre aujourd’hui ADP c’est en nécessaireme...

Avantages et privilèges : « tant que le petit peuple se jalouse, son regard se détourne »

Avantages et privilèges : « tant que le petit peuple se jalouse, son regard se détourne » C’est dit, à l’heure où on privilégie ouvertement les revenus et les plus-values du capital le gouvernement veut continuer à s’attaquer aux prétendus avantages et privilèges des salariés et retraités.   D’évidence le statut des cheminots comme le privilège d’être retraité, en vie   - éventuellement en bonne santé – et doté d’une espérance de vie majorée sont des avantages. Souvent gagnés à coup de travail – pas toujours bien payé – et de cotisations, mai peu importe. Je suis à vrai dire ulcéré non par ce constat, mais par les conséquences qu’on en tire. Les extraordinaires « enrichissements » des   actionnaires (il n’y a qu’à lire les classements de Forbes), n’ayant pas l’honneur d’être dénoncés et fiscalement ou politiquement attaqués avant d’être réduits, il reste donc la piétaille. Mais quelle injustice ! D’abord parce que, parmi les dénoncia...

#Sncf : Discours de la méthode (Chiffon rouge et faiblesse stratégique)

Sncf : Discours de la méthode La volonté de « réformer » le ferroviaire, suppose que quelque chose ne fonctionne pas bien. Cela nous le savons, et pour certains, depuis longtemps. Mais il est clair que les voies possibles de réforme divergent. Entre le « programme » mis sur la table de 7 mars 2018 par la CGT – un document approfondi – et le rapport de J.C. Spinetta, il y a des divergences d’analyse majeures, et des orientations incompatibles. Pourtant, dans le discours des deux il y a quelques vérités : celles d’échecs, d’erreurs, dont la responsabilité incombe à l’Etat – en grande partie – et à l’entreprise, incapable de relever certains défis (hélas !). Fronts secondaires Il y a donc, inéluctablement autour de cette volonté de réforme – partagée – non seulement des divergences majeures, au-delà même de celles entre CGT et Gouvernement, mais des points de blocage (ou de conflit) parfaitement identifiables. Or dans cette affaire le gouvernemen...

De l'économie en général et de l'économie des transports en particulier

La grande médiatisation des sujets économiques parvient à un résultat étrange.  Là où généralement les économistes parlent de préférence des grands ordres de grandeur et des tendances problématiques (explosives par exemple), et s'intéressent aux structures, la presse met en valeur l'évènement et le polémique. Ce qui intéresse à un moment les médias n'est pas ce qui peut être un problème vital, mais ce qui peut  générer des conflits, être polémique et provoquer des mouvements d'opinion voire des conflits sociaux.  Que la SNCF, par exemple, hérite d'une dette colossale et d'un réseau mal entretenu et rénové en raison de décisions politiques de l'Etat, peu importe. Mais désigner le statut des cheminots comme devant disparaître est bien plus intéressant : c'est conflictuel (une gêne en vue ?) et peut faire l'objet de jolis sondages.  Il est vrai que je vois mal nos sondeurs interroger les "gens" sur la dette et  son financement ou sur ...